Israël : infos Société

Cet article dans " Mediarabe " apporte si je puis dire de l'eau à mon moulin. Voici en effet plusieurs jours que je défends l'idée qu'il s'est produit en Egypte quelque chose d'extrêmement important, pour l'Egypte elle-même et, sans doute, pour l'ensemble du monde arabo-musulman : pour la première fois, à ma connaissance, une population qui avait massivement voté pour l'islamisme et qui l'avait porté au pouvoir a fait machine arrière et exécuté le grand " Schritt zurück aus " : plus de 22 millions de signatures sur la pétition de "Tamarrod " exigeant la démission de Mohamed Morsi ; des millions de manifestants sur le même mot d'ordre, des semaines durant, dans toutes les grandes villes d'Egypte. Rien de tel ne s'est, à ce jour, produit, avec une telle ampleur et avec une telle force dans aucun pays arabo-musulman. etat donné l'importance démographique, géo-stratégique, historique, de l'Egypte dans la région, cette évolution pourrait amorcer de profondes évolutions.
Elle court-circuite en tout cas l'argumentaire de tous ceux qui, en se couvrant des habits de la démocratie, demandaient qu'on " laisse sa chance " à l'islamisme, disant que, certes, il était regrettable de voir les " Frères Musulmans " au pouvoir, mais que, puisque telle était la volonté du peuple, il fallait s'en accommoder.
Et ce qui s'est produit dérange - voire ruine - les plans de ceux qui, à Washington, à Doha, à Paris et à Bruxelles, avaient fait le pari d'un grand " deal " mondial, dans la perpective

(suite)

ouverte par le discours de Barack Obama au Caire le 4 juin 2009, entre l'Occident et l'islamisme. Ces plans négligeaient un facteur qui se révèle être essentiel : la volonté et la lucidité des peuples.
Certes, il ne convient pas de penser que dorénavant tout est réglé. On voit bien, pour ne prendre que cet exemple, que l'hostilité à Israël n'a pas disparu comme par magie dans le peuple égyptien - quoique elle n'ait compté pour pratiquement rien dans les manifestations populaires des dernières semaines - : elle s'est récemment manifestée à l'intérieur même du mouvement " Tamarrod " avec la demande de dénonciation du traité de paix. Et l'on voit bien comment Recep Tayyip Erdogan - à qui l'évolution et le positionnement d'une armée que Mohamed Morsi croyait avoir réduite donne certainement des sueurs froides - tente d'instrumentaliser l'hostilité à Israël au service des " Frères Musulmans " et de l'islamisme.
Mais l'expérience qui a été faite par tout un peuple de ce qu'est réellement l'islamisme ne pourra pas être effacée.