Israël : infos Société

Alors que l'année scolaire a débuté vendredi, le système éducatif est confronté à un manque de milliers d'enseignants qui n'ont pas encore été pourvus, créant de graves problèmes dans les écoles à travers le pays.

Bien que les chiffres officiels ne soient pas disponibles, les chiffres cités par diverses sources indiquent que la crise de main-d'œuvre dans le système éducatif reste aiguë et aura un impact sérieux sur les normes éducatives.

Ran Erez, président de l’Association des enseignants des écoles secondaires, a déclaré qu’il manque environ 3 000 enseignants dans le système scolaire primaire. Le système scolaire secondaire est confronté à un manque de personnel d'environ 20 pour cent des postes, bien qu'il n'ait pas fourni de chiffre absolu pour cette statistique.

Dans une interview accordée la semaine dernière à la Douzième chaîne, le ministre de l’Education Yoav Kisch a donné des chiffres bien inférieurs sur le manque de personnel enseignant, et a déclaré qu’il manquait seulement 1 500 enseignants sur un total de quelque 250 000 enseignants dans les différents systèmes scolaires publics du pays.

Selon un reportage diffusé mercredi par la Douzième chaîne, le déficit s'élève actuellement à 1 365 enseignants, dont 910 dans le système scolaire ordinaire, 421 enseignants dans le système d'éducation spécialisée et 34 dans les écoles maternelles.

Les chiffres présentés à la commission de l’éducation, de la culture et des sports de la Knesset le 14 août ont également souligné une pénurie bien plus grave que celle décrite par Kisch.

Au cours de cette audition, le directeur général par intérim du ministère de l'Éducation, Meir Shimoni, a déclaré à la commission que le système dans son ensemble manquait de 3 379 enseignants, dont 2 520 enseignants du système public, 784 enseignants du système d'éducation spéciale et 75 enseignants du préscolaire.

Un porte-parole du ministère de l'Éducation n'a pas été en mesure d'expliquer la divergence entre les chiffres présentés par Shimoni lors de l'audition de la commission au début du mois et les chiffres mentionnés par Kisch la semaine dernière.

L’un des problèmes qui se pose lorsqu’il s’agit d’identifier le véritable manque de personnel enseignant est que certains directeurs d’école en ont assez de devoir rendre compte de cette question au ministère de l’Éducation. Dans le même temps, la définition de ce qui constitue un enseignant qualifié est également très vague, a déclaré le professeur Dan Ben-David de l’Institution Shoresh pour la recherche socio-économique et de l’Université de Tel Aviv.

Selon Ben-David, de nombreuses écoles disposent d'instructeurs qualifiés pour enseigner une matière spécifique dans des disciplines totalement différentes, ce qui rend difficile de savoir s'il y a un manque de personnel enseignant dans ces matières.

Ben-David a déclaré que les écoles sont confrontées à des difficultés particulières à trouver des enseignants pour les sciences, les mathématiques et l'anglais et font souvent appel à des enseignants qualifiés pour enseigner d'autres disciplines pour enseigner ces matières.

Ces postes sont particulièrement difficiles à pourvoir dans la mesure où les personnes possédant ces compétences peuvent souvent trouver un emploi mieux rémunéré dans le secteur privé, a-t-il expliqué.

En raison de la pénurie d’enseignants, certaines écoles ont supprimé des matières entières de leur programme, tandis que d’autres auront des enseignants qui enseigneront deux classes ensemble, selon un récent reportage de la Douzième chaîne. D'autres écoles emploient des enseignants qui ne possèdent pas de qualifications pédagogiques formelles.

Bien que l'accent ait été mis ces derniers jours sur les problèmes du système éducatif sur les bas salaires des enseignants et sur les menaces de grève de l'Association des enseignants des écoles secondaires, Ben-David a insisté sur le fait que le problème le plus important qui n'est pas abordé est la mauvaise qualité de l'enseignement en Israël.

« Nos enfants ne reçoivent pas les outils de base pour travailler dans une économie moderne ou pour comprendre les principaux rouages d’une démocratie libérale », a déclaré le professeur.

Il a identifié l'absence d'un programme de base clairement défini et standardisé comme un problème particulier, affirmant que de nombreuses écoles sont libres de déterminer elles-mêmes le programme.

La qualité des enseignants constitue également un grave problème.

Lors des examens du Programme international pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC) de 2013, qui testent l'adéquation des adultes au marché du travail, les enseignants israéliens sont arrivés troisièmes avant-derniers par rapport aux enseignants des autres pays de l'OCDE.

Un autre problème majeur est le niveau élevé de bureaucratie du système scolaire israélien, y compris un processus incroyablement difficile pour licencier les mauvais enseignants.

Ben-David a également déclaré que l'échec persistant à calibrer les examens du diplôme d'études secondaires rend difficile la détermination si les normes éducatives augmentent ou non. Le fait que les écoles contrôlent elles-mêmes un certain pourcentage des notes obtenues au diplôme d’études secondaires rend plus difficile pour les universités d’évaluer avec précision les compétences pédagogiques des élèves.

« Le principal problème qui n’est pas à l’ordre du jour est que l’éducation que reçoivent nos enfants est la pire du monde développé en termes de mathématiques, de sciences et de lecture. »

« Lorsque la moitié des enfants du pays bénéficieront d’une éducation digne du tiers monde et que ces enfants seront issus des secteurs de la population à la croissance la plus rapide, les problèmes éducatifs et économiques ne feront qu’empirer. »