Israël : infos Société

De violentes manifestations ont éclaté samedi à Tel Aviv entre des centaines de demandeurs d'asile érythréens et la police lors d'une manifestation contre un événement organisé par l'ambassade érythréenne.

La police a tenté de disperser les émeutiers en utilisant des mesures anti-émeutes et en tirant à balles réelles, et après des heures de troubles, les forces de l'ordre ont annoncé que la paix avait été rétablie dans la zone, tandis que pas moins de 39 émeutiers ont été arrêtés.

La police a déclaré qu'une trentaine de policiers avaient été blessés dans les affrontements et que des manifestants avaient été abattus par la police tirant à balles réelles après avoir senti "un réel danger pour leur vie". Des policiers en tenue anti-émeute et à cheval ont tenté de rassembler les manifestants, qui ont franchi les barricades et lancé des morceaux de trottoir, des batteries et des pierres sur les forces de l'ordre.

Au moins 150 personnes, dont 15 dans un état critique, ont été prises au milieu du chaos qui régnait dans les rues. La plupart des blessés ont été transportés au centre médical Souratsky, certains d'entre eux ayant été blessés par balle, tandis que des dizaines d'autres ont été transportés vers d'autres hôpitaux de la région qui ont déclaré un événement faisant de nombreuses victimes.

Les Érythréens constituent la majorité des plus de 30 000 demandeurs d’asile africains en Israël. Ils disent avoir fui le danger et les persécutions d'un pays connu sous le nom de « Corée du Nord de l'Afrique » en étant contraints à la conscription militaire à vie dans des conditions proches de l'esclavage.

De violentes manifestations ont éclaté partout dans le monde alors que l'Érythrée, l'un des pays les plus répressifs au monde, célèbre ses 30 ans d'indépendance avec des festivals organisés par la diaspora érythréenne à travers l'Europe et l'Amérique du Nord. Plus tôt cette année, l'Érythrée a qualifié les manifestants anti-gouvernementaux qui manifestaient contre ces événements de « racaille de l'asile ».

Le président Isaias Afwerki, 77 ans, dirige l'Érythrée depuis 1993, prenant le pouvoir après que le pays a obtenu son indépendance de l'Éthiopie au terme d'une longue guérilla. Il n'y a pas eu d'élections, il n'y a pas de médias libres et des visas de sortie sont requis. De nombreux jeunes sont contraints au service militaire sans date de fin, affirment des groupes de défense des droits humains et des experts des Nations Unies.

Ce pays de la Corne de l'Afrique a l'un des pires bilans en matière de droits humains au monde, et les demandeurs d'asile craignent la mort s'ils devaient revenir.

Un groupe de défense des demandeurs d'asile en Israël a déclaré que la communauté érythréenne locale avait demandé à la police d'empêcher l'événement organisé par l'ambassade. « La police a ignoré leurs demandes et tire désormais à balles réelles sur ceux qui ont été contraints de fuir la cruelle dictature de leur pays. » Le groupe a ajouté que les ambassades érythréennes du monde entier persécutaient les demandeurs d'asile, mais que dans la plupart des endroits, les célébrations de l'indépendance avaient été annulées.