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Antisémitisme : racisme envers les Juifs & Israël

Céline décélébré ou la culture casse-pipe

Céline a donc été retiré des célébrations nationales. La polémique, et ses conséquences, ont été rapides.
En quelques jours, le ministère de la Culture a fait machine arrière,
n'osant pas affronter la vindicte médiatique d'un avocat et de quelques
associations, malgré le soutien de nombreux écrivains.

Les
discussions autour de Céline sont récurrentes, depuis la fin de la
seconde guerre mondiale et tournent toujours autour du même point: que
faire avec cet énergumène'

L'homme,
sous quelque angle qu'on le prenne, est détestable. Ses positions ont
été violemment antisémites. A la fin de sa vie, ce n'était plus qu'un
vieillard un peu attristant, vivant entouré de ses chiens et de son
perroquet, seul au monde, avalant ses mots lors des interviews, obsédé
par l'idée d'entrer dans la Pléiade de son vivant. Sur ce point, tout le
monde est d'accord. Lui-même, dans l'introduction D'un Château l'autre le reconnaissait:

«Pour parler franc, là entre nous, je finis encore plus mal que j'ai commencé... Oh ! J'ai pas très bien commencé...»

L'écrivain, et cet avis est également partagé, est l'un des plus grands de la littérature du XXe siècle. Son Voyage, mais aussi d'autres ouvrages comme Mort à Crédit,
ont marqué des générations de lecteurs. Lorsqu'on le lit, on reste le
plus souvent hébété par le talent, et, une fois l'ouvrage refermé, il
trotte encore de longs jours dans la tête, voire plusieurs années. Des
centaines d'écrivains ont essayé de l'imiter, le plus souvent sans
succès.

Commémorer plutôt que célébrer'

Les
arguments des associations favorables à son retrait se tiennent
également. Il est normal de célébrer l'?uvre, mais on ne devrait pas
célébrer l'homme, ce qu'on fait avec les 50 ans de sa mort. Comme cela
reste quelqu'un d'important de notre patrimoine, il faut plutôt le
commémorer, comme d'autres évènements blessants de notre histoire.
Célébrer ou commémorer, vous me direz que l'on joue sur les mots. Mais
ces mots sont importants.

Céline n'était pas le seul à être célébré
cette année alors qu'il n'est pas un parfait représentant des valeurs de
la République. Que fait-on des rois, de Clovis, de Louis XI, de Louis XIV? Est-ce le rôle de la République de célébrer la monarchie ? Que fait-on de Philippe de Commynes, ce traître' Que fait-on de Bougainville, l'explorateur dont les écrits contribuèrent à alimenter pendant plusieurs décennies les fantasmes racistes sur les peuples primitifs? Que fait-on du Roi de Rome, le fils de Napoléon, symbole du népotisme de son père' Qu'a fait Napoléon François Charles Joseph pour la République'

Le
terme de célébration est mal choisi. Peut-être
aurait-il mieux fallu parler de «commémoration».  Mais, derrière ces
célébrations annuelles, il y a des dizaines de personnes qui
travaillent, réfléchissent. Un Haut-comité de sages, représentant les
sommités françaises dans tous les domaines, décide des personnes ou des
?uvres élues.

Mitterrand, incapable d'assumer

Célébrer Céline ou pas, la question se pose, et les «sages» se la sont posée. S'il devait y avoir retrait (ou plutôt
non-inscription), il devait être décidé en amont. Une fois le choix fait
de l'inscrire, le ministre de la Culture devait défendre cette
position. Mais Frédéric Mitterrand semble incapable d'assumer dès qu'une
polémique pointe le bout de son nez. C'est peut-être dû à son caractère
ou à sa position fragilisée par la polémique autour de ses voyages en
Thaïlande. Ses adversaires occasionnels le savent.

Au mieux, il ne peut
plus être qu'un arbitre plein de langue de bois. Alors qu'un ministre de
la Culture, poste si particulier en France, se doit d'avoir un avis.
Malraux a dit des idioties et a parfois trop censuré mais, au moins, il
avait une opinion. Ce n'est d'ailleurs pas à Mitterrand que Serge Klarsfeld a fait appel pour retirer Céline de la liste des célébrations, mais à Nicolas Sarkozy directement.

En septembre, Frédéric Mitterrand avait déjà été absent du débat sur l'exposition Larry Clarke. Le sujet, les photographies parfois érotiques d'adolescents, était il est vrai encore plus sensible pour lui.

D'ailleurs, pour cette exposition interdite aux «moins de 18 ans»,
on peut ne pas être d'accord avec la mairie de Paris, mais au moins ils
sont restés solides face à leur décision. Le choix a été mûri en amont
et assumé ensuite même si la décision a été prise justement par peur
d'une polémique...

La culture est polémique. C'est son rôle. Elle doit être, comme disait Saint-John Perse en parlant des poètes, «la mauvaise conscience de son temps».
Dans le choix de ses expositions, de ses célébrations ou
commémorations, un ministère et/ou une municipalité ne peuvent pas
contenter tout le monde. Ne mettre en avant que les personnalités qui
font l'unanimité, souvent par défaut, parce qu'elles ne passionnent
personne, risque d'être dramatique pour notre mémoire culturelle.

Quentin Girard

13 commentaires
Merci, William, pour le papier de Sebastian Vilar Rodriguez.
Envoyé par Edmond_002 - le Lundi 24 Janvier 2011 à 09:20
Merci à Edmond pour le lien et à Guy Millière qui, encore une fois et n'en déplaise aux avocats du diable, remet les pendules à l'heureavec brio.
Envoyé par William_010 - le Mercredi 26 Janvier 2011 à 12:16
Mon allusion aux débordements sexuels de Victor Hugo était une allusion à Fréderic Mitterrand lui-même, dont la conception de la littérature par rapport à la vie privée des auteurs entre en contradiction avec le fait qu'en tant que ministre il décide de célébrer tel auteur et pas tel autre.
Guy Millière a évidemment raison sur toute la ligne lorsqu'il parle de Céline. Mais cela ne résout pas le problème de fond, qui n'est pas de savoir s'il fallait ou non célébrer Céline. La question posée est celle de la célébration nationale, institutionnelle, de tel ou tel écrivain. La littérature ne peut faire l'objet de célébration officielle, qu'il s'agisse de Céline ou de Sainte Thérèse d'Avila. La littérature échappe par essence aux cérémonies officielles, et la place des écrivains, qu'ils fussent ex-résistants ou ex-nazis, n'est pas, en tant qu'écrivains, dans les panthéons de la république, mais dans la mémoire culturelle et critique des hommes.
Envoyé par Antonio - le Mercredi 26 Janvier 2011 à 12:48
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 17 minutes