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Blog : Observatoire de l' islamisation

Dalil Boubakeur dans SVP Israël, l'entretien qui dérange

 

  Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris (et à ce titre fonctionnaire rétribué par le gouvernement algérien) et ancien président du Conseil français du culte musulman (2003-2008), est connu pour être un piètre théologien, non représentatif, notable apprécié de la République pour tenir un discours ultra lisse, lui permettant d'avoir réalisé une belle carrière, tranquille, coupé de la base des musulmans installés en France.

  Très critiqué -c'est un euphémisme- par les principaux sites musulmans Français, sa dernière sortie sur Israël, qu'un Pierre Lellouche n'aurait pas renié, soulève l'indignation chez les musulmans'le rendant aussi représentatif des musulmans dans ses aspirations qu'un Nicolas Sarkozy auprès Français de souche.

Boubakeur a donc accordé un entretien à SVP_Israël, le guide israélien du tourisme et des affaires (N°22, mi-Adar 5769).

Après avoir dressé l'éloge de la communauté juive de France et s'être félicité des bonnes relations qu'il entretient avec le Consistoire central et avec le nouveau Grand rabbin de France, il glisse de l'?cuménisme religieux à la collaboration politique et déclare :

« J'ai toujours déploré la pauvreté du dialogue judéo-musulman en France, qui est la conséquence directe du conflit au Proche-Orient. Ceci est d'autant plus regrettable que lorsque Juifs et Arabes s'unissent, ils font un travail merveilleux.
Concernant les derniers évènements à Gaza, je crois personnellement que lorsque des organisations comme le Hamas bombardent pendant des années le territoire d'Israël, elles suscitent forcément des réactions d'Israël et exposent les populations palestiniennes à des représailles. Ce qui est irresponsables et très dangereux.
(?) Concernant Israël, je le voie et l'admire comme un pays en pleine expansion et qui a d'énormes ­possibilités grâce à l'intelligence de sa population, surtout quand on voit comment le pays a mis en valeur ses terres, en comparaison aux terres de ses pays voisins' Israël est l'expression même de l'homme livré à la nature. D'où l'importance à mes yeux, de la connaissance et de l'intelligence humaine
. »

  Ces propos, tenus dans le bimestriel de la compagnie El-Al, ont suscité de vives réactions en Algérie et en France. Les Arabes Chrétiens et Musulmans apprécieront pour le "en pleine exapansion" sur leurs terres...admirable Boubakeur

570 commentaires
à Cold
encore une fois des braiements de Hmar
en trigonométrie l'équation du nombre d'or est :
cos pi/5 = phi (nombre d'or)/2 = 1 + racine de 5 / 4 ou plus simplement cosinus36° = phi/2
avant de faire le malin va réviser tes maths
de plus il faudrait expliquer l'expression "centre des 2 pôles"...
quand au calculs falsifiés sur la place de la Kaaba, d'autres en ont dit la même chose concernant la pyramide de Khéops, Rennes le chateau et autres couenneries du même tonneau
pour finir le nombre d'or en trigonométrie crée une intersection sur l'équateur
la Kaaba est sur l'équateur dernière nouvelle ????
les braiements des fondamentalistes sont vraiment étonnants
Triste
Envoyé par Bernard_050 - le Lundi 27 Avril 2009 à 07:44
à Cold :
sourate 21 verset 30
"Ceux qui effacent ne le voient-ils pas ?
Les ciels et la terre étaient soudés
et nous les avons séparés.
Avec de l’eau, nous avons créé tous les vivants.
N’adhéreront-ils pas ?"
la cosmogonie du Coran envisage la séparation du ciel et de la terre comme on monte une tente, on sépare le toit du tapis de sol...
cosmogonie banale dans l'antiquité
quant à "étendre" merci je connais, Allah étend le Ciel et la Terre , s'il arrêtait de les étendre le ciel tomberait sur la terre, et étendre c'est mettre à plat Triste
il n'y a que les muslémi pour chercher des vérités scientifiques dans le Coran... ah si il y a aussi les fondamentalistes chrétiens, autres bourricots. Rigole
Envoyé par Bernard_050 - le Lundi 27 Avril 2009 à 08:01
à Cold
pour confirmer mon précédent post :
dans la sourate 78 verset 6 & 7 n'est-il pas écrit :
"Ne mettons-nous pas la terre pour tapis, et les montagnes pour piquets ?"
si tu ignores le Coran c'est ton problème
encore la confirmation que tu es un bourricot
Star
Envoyé par Bernard_050 - le Lundi 27 Avril 2009 à 08:16
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Envoyé par Jean_010 - le Lundi 27 Avril 2009 à 08:38
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Envoyé par Jean_010 - le Lundi 27 Avril 2009 à 08:58
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Envoyé par Jean_010 - le Lundi 27 Avril 2009 à 09:11
à Cold
vraiment vous faites tout pour passer pour un bourricot !
quel lien y a t-il entre Salomon et Mohammed...
il y a quand même une petite différence de temps... 1 500 ans.
de plus Salomon ne fait pas partie des nabis (prophète) mais des rois
les attributs de Salomon sont Salomon le Sage, Salomon le bâtisseur
mais en même temps Salomon est aussi la figure de l'homme qui se laisse corrompre par le pouvoir et les richesses et finit dans l'impiété.
mais il est vrai que le Coran dans son arrogance sait tout mieux que tout le monde
allez continuer de braire
je suis toujours étonné par votre cuistrerie

ce n'est que dans le Coran qui n'a qu'une connaissance douteuse du judaisme et du christianisme que l'on peut lire de telles aneries...
Star
Envoyé par Bernard_050 - le Lundi 27 Avril 2009 à 09:13
cher Jean
parmi mes multiples diplomes, un doctorat en philosophie sous la direction de Jeanne Delhomme
quant au livre de Farias, que j'ai lu, c' est un livre du même acabit que celui de Shlomo Sand un coup de marketing pour se faire connaître... Il faudrait tout de même revenir à des faits : Heidegger a donné sa démission en 1934 voyant qu'il avait été comme tant d'autres dans l'illusion de pouvoir sauver les meubles, en 1936 il est interdit de cours, en 1937 craignant qu'il parte à l'étranger les autorités nazies le mettent en résidence surveillée, et à la fin de la guerre il sera réquisitionné dans la sécurité civile pour casser des cailloux afin de refaire les routes bombardées... Drôle d'ami des nazis... quant à sa dénonciation du nazisme, comme l'ont dit Arendt et Habermas (parmi d'autres), elle s'est faite en creux, en ne le citant jamais, car pour lui c'était détacher le nazisme de l'occident, pour lui ce n'était pas un accident mais un dévoilement de l'essence de l'occident et si vous savez lire entre les lignes, relsez les divers articles de Heidegger sur la technique ou un petit texte tel que sérénité. La question que nous pouvons nous poser, comme le font des auteurs allemands, c'est est-ce que la thèse de Heidegger est valide, quelle est la nature du fait Nazi, accident ou possèderait-il des racines profondes dans la pensée occidentale.
il me semble que la question est incontournable et mérite que l'on y réponde.
Sourire
Envoyé par Bernard_050 - le Lundi 27 Avril 2009 à 09:38
à Jean suite
j'oubliais l'interdiction faite à Heidegger d'enseigner après la guerre ne faisait que confirmer la décision prise par le régime nazi....
cela dit je ne suis nullement un dévôt de Heidegger tels que Beauffret et sa bande, comme les allemands je déchiffre trop derrière sa pensée tout ce qui est emprunt à d'autres notamment Hüsserl et Dilthey. Je suis toujours perplexe quant à ses commentaires d'Aristote tels "la chose" qui a peu à voir avec Aristote mais tellement avec le Tao to King notamment les chapitres XI et XXV.( entre autres j'ai commis une traduction du Tao cherchez sur internet, il n'y a qu'un traducteur qui a pour prénom Bernard).
quant à Hüsserl demandez-moi plutôt la liste des livres que je n'ai pas lu... En tous cas j'ai lu et travaillé l'ensemble de ses oeuvres traduites en français et quelques articles en allemand. Etant, philosophiquement, de culture germanique, j'ai toujours été étonné par la réception de Hüsserl en France, cela étant du notamment au fait que des influences majeures de Hüsserl tel Dilthey et Brentano étaient totalement méconnues. quand je lis les commentaires de Desanti ou Derrida, visiblement ils sont dans l'incompréhension totale envers des concepts majeurs tels l'êpoché ou le noème et tout ce qui relève des analyses et synthèses noématiques...
je vous laisse la main
chalom Sourire
Envoyé par Bernard_050 - le Lundi 27 Avril 2009 à 10:03
Heidegger contre le nazisme




"les pénibles ramassis de choses aussi insensées
que les philosophies national-socialistes..."

Chemins qui ne mènent nulle part (1938)
Gallimard Tel p.130






Cette citation de 1938 est sans équivoque : Heidegger rejette violemment tout ce qui ressemble au nazisme, et ce dès avant la guerre.

Pourtant il adhéra en 1933 au parti socialiste révolutionnaire NSDAP - plus connu aujourd'hui sous le surnom pour toujours infâmant de parti "nazi" - avant de démissionner en 1934 de son poste de recteur et de s'opposer publiquement lors de ses cours au régime hitlérien :

"Jan Patocka, avec d’autres étudiants d’alors, vient confirmer ce qui leur apparut clairement à l’époque comme une forme de « résistance spirituelle », à propos de ce que fut alors l’attitude de Heidegger, et c’est bel et bien lui qui déclare voir dans la figure de Heidegger celle d’« un héros de notre temps » — et qui s’en inspira lui-même comme d’« un exemple » pour continuer à enseigner et à penser sous l’emprise d’une autre de ces massives « dictatures totalitaires » dont le « XXe siècle » (en attendant mieux ?) semble s’être fait une spécialité." (cité dans Heidegger résistant par G.Guest (Héraclite))

C'est ce que rappelle aussi Hannah Arendt dans sa contribution à une festchrift commémorant le 80ème anniversaire de Heidegger :

"Heidegger corrigea lui-même son 'erreur' plus rapidement et plus radicalement que beaucoup de ceux qui se dressèrent en juges au-dessus de lui. Il prit plus de risques qu'il n'était usuel de le faire dans la vie littéraire et universitaire allemande pendant cette période."

F.Fédier de son côté "attire l’attention sur l’importance d’un texte inédit jusqu’ici en français, la conférence La menace qui pèse sur la science, où dans un cercle restreint, mais suffisamment ouvert pour être un cercle public, Heidegger a reconnu que sa tentative de rectorat, en 1933-1934, avait été une erreur : “Sans contredit - une erreur, de quelque manière que l’on veuille prendre la chose”, dit-il en novembre 1937. Il n’a donc pas attendu qu’un terme ait été mis au règne d’Hitler, et que soient révélées l’ampleur inouïe de ses crimes, pour déclarer qu’il s’était fourvoyé en s’engageant comme recteur de son université - c’est-à-dire en essayant de prendre part en tant que responsable universitaire à une “révolution allemande”. La question est ici clairement : est-il licite de distinguer entre une “révolution allemande” et une “révolution nazie” ? Or en novembre 1937, Heidegger déclare publiquement que tenir, dès 1933, cette distinction pour possible, c’était se fourvoyer. Se fourvoyer, c’est perdre la direction dans laquelle on s’était engagé." (voir Les Ecrits politiques de Heidegger par F.Fédier)

Rappelons que le grand poète espagnol Antonio Machado avait trouvé le temps d'écrire dans la Vanguardia du 27 mai 1938, peu avant la chute de Barcelone, que l'homme selon Heidegger "es el antipodo del germano de Hitler". Et en 1936 déjà : "Martin Heidegger est, comme le regretté Max Scheller, un Allemand de première classe, de ceux qui soit dit en passant n’ont rien à voir, quelles que soient ses opinions politiques, qu’il me plaît d’ignorer, avec l’Allemagne d’aujourd’hui, la détestable et détestée Allemagne du Führer, de ce petit pédant déifié par la tourbe des philistins." (voir Antonio Machado à propos de Heidegger en 1936 )

Dès 1935, on peut voir Heidegger dans ses cours critiquer publiquement et explicitement (pour autant que cela est possible quand on est sous surveillance policière) le régime hitlérien :



"L'esprit faussé en intellect est réduit au rôle d'instrument. Peu importe que ce soit (...) en dominant des moyens matériels de production (comme dans le marxisme) (...) ou en dirigeant l'organisation d'un peuple conçu comme masse vivante et comme race ; dans tous les cas l'esprit, en tant qu'intellect, devient la superstructure impuissante de quelque chose d'autre."



Introduction à la métaphysique (1935)
Gallimard Tel p.58




Voilà un propos bien peu nazi, quand on sait que le racisme biologique est la base idéologique de l'hitlérisme. Heidegger dénonce "l'organisation d'un peuple conçu comme masse vivante et comme race" : c'est dire en somme que la politique du Reich est une insulte à l'intelligence. Ces quelques mots auraient largement suffis pour arrêter le professeur Heidegger - c'est bien pourquoi ils sont dissimulés au milieu d'un développement qui n'a rien à voir avec la politique.

Voici maintenant le texte complet de la citation tronquée par l'historien E.Husson dans l'émission Bibliothèque Medicis à propos de la Staat Polizei (non seulement il la coupe mais il transforme une supposition en affirmation... et parvient ainsi à faire dire à Heidegger que "L'Etat est en ceci que la police d'Etat arrête un suspect" débat télévisé Faye/Fédier/David (fev.2007))
En fait Heidegger cherche l'être de l'Etat et ne le trouve pas, et en passant il en profite pour expliquer ce que celui-ci n'est pas :



"Un Etat - il est. En quoi consiste son être? En ceci que la police d'Etat arrête un suspect, ou en ce que à la chancellerie il y a tant et tant de machines à écrire en action, qui prennent ce que leur dictent des secrétaires d'Etat? Ou bien est-il dans l'entretien du Führer avec le ministre anglais des affaires étrangères? L'Etat est. Mais où se cache l'être?"



ibid. p.46


C'est incroyablement critique : l'être de l'Etat n'est ni dans la police, ni dans le gouvernement, ni même dans le Führer. Il est clair que l'allusion politique n'est pas du tout anodine. Voilà comment Heidegger décrit l'Etat en 1935 : "L'Etat est. Mais où se cache l'être?" Nous avons un Etat qui n'a d'Etat que le nom, dit-il en somme.



Autre exemple, E.Faye cite lui-même un texte de 1940 qu'il croit pouvoir présenter comme étant à charge :




"Dans le cours de mai-juin 1940 intitulé Nietzsche, le nihilisme européen, prononcé au moment de la victoire des armées du IIIe Reich sur la France, ce qui importe à Heidegger, comme aux armées nazies, c’est de déterminer qui gagnera la Seconde guerre mondiale, ou, dans son langage abscons, qui demeurera « capable de puissance » : « les empires démocratiques (Angleterre, Amérique) », ou « la dictature impériale de l’armement absolu pour l’armement », c’est-à-dire le IIIe Reich."



E,Faye, réponse à une critique de N.Weill
parue dans Le Monde du 26 janvier 2007)


Une expression comme "dictature impériale de l’armement absolu pour l’armement" est pourtant une description du Reich qui n'aurait certainement pas plue au dictateur en question. C'est le genre de langage "abscons" (fascinant aveu d'incompréhension de la part d'E.Faye) qui faisait qualifier d'ennemi du parti. De plus, on peut remarquer que faire un cours sur l'enfoncement de l'Europe entière dans le nihilisme au moment même de l'apogée du glorieux IIIe Reich, c'est faire montre de bien peu d'enthousiasme patriotique.

On peut également lire dans le discours de rectorat de 1933 :



"Diriger implique en tout état de cause que ne soit jamais refusé à ceux qui suivent le libre usage de leur force. Or suivre comporte en soi la résistance. Cet antagonisme essentiel entre diriger et suivre, il n'est permis ni de l'atténuer ni surtout de l'éteindre."

Ecrits politiques Gallimard p.109
Rien n’est moins nazi que de rappeler que le « guide », c'est-à-dire le Führer auquel Heidegger fait allusion ici, a le devoir de laisser au peuple sa liberté et sa capacité de résistance. (cité dans Discours du Rectorat : "Heidegger platonicien" par J.Taminiaux, professeur émérite à l'Université de Louvain).

De fait, Heidegger passa immédiatement des paroles aux actes. Comme le rappelle F.Fédier : "L’une des premières mesures prise par le recteur Heidegger est un fait incontestable et très significatif par lui-même : interdire dans les locaux universitaires de Fribourg-en-Brisgau l’affichage du “Placard contre les Juifs” rédigé par les associations d’étudiants nationaux-socialistes (et qui sera affiché dans presque toutes les autres universités d’Allemagne). Ce fait indéniable (que les détracteurs de Heidegger, au mépris de la plus élémentaire honnêteté, passent sous silence, ou bien dont ils cherchent à minimiser la signification pourtant patente) permet, à mon sens, de se faire une idée plus claire des conditions dans lesquelles Heidegger a cru pouvoir assumer la charge du rectorat."

Enfin, le public de Heidegger était-il constitué de militants encartés venus chercher une légitimation philosophique du nazisme? Heidegger aurait de ce point de vue raté sa carrière puisque ce fut exactement l'inverse. On venait à ses cours pour entendre l'une des rares paroles libres en Allemagne :

TEMOIGNAGES D'ETUDIANTS
cités par H.France-Lanord, débat retranscrit Faye/Sichère/France-Lanord/Guest (2005) :




Par exemple Hermine Rohner écrit, je la cite, à propos de Heidegger :

« lui ne craignait pas, fût-ce dans ses cours aux étudiants de toutes les facultés, de critiquer le national-socialisme de manière si ouverte et avec le tranchant si caractéristique qu’offre sa manière de choisir en toute précision ses termes qu’il m’arrivait d’en être effrayée au point de rentrer la tête dans les épaules ».

Je cite le témoignage aussi de Siegfried Bröse, qui a été lui-même destitué par les nationaux-socialistes en 1933, parce qu’il s’était manifesté contre Hitler, voilà ce dit Siegfried Bröse qui a suivi tous les séminaires de 1934 à 1944 :

« les cours de Heidegger étaient fréquentés non seulement par les étudiants mais aussi par des gens exerçant depuis longtemps déjà une profession ou même par des retraités. Chaque fois que j’ai eu l’occasion de parler avec ces gens, ce qui revenait sans cesse, c’était l’admiration pour le courage avec lequel Heidegger, du haut de sa position philosophique et dans la rigueur de sa démarche, attaquait le national-socialisme. Je sais également que les cours d’Heidegger, précisément pour cette raison – sa rupture ouverte n’était pas demeurée ignorée des nazis – étaient surveillés politiquement ».

Une dernière ligne de Walter Biemel, qui dit à deux reprises :

« pour la première fois il me fut donné d’entendre de la bouche d’un professeur d’université une violente critique contre le régime qu’il qualifiait de criminel »

et Biemel appuie le fait qu’il a entendu Heidegger caractériser Hitler de criminel, de Hauptverbrecher, de criminel en chef, dès 1935 (voir dans le tome 69, Koinon, dans lequel il est question précisément de Machenschaft, de la puissance et de crime… dans lequel Heidegger range la pensée de la race comme étant un visage de ce crime et de cette Machenschaft). Biemel termine:

« il n’y a pas un cours, un séminaire où j’aie entendu une critique aussi claire du nazisme qu’auprès de Heidegger. Il était d’ailleurs le seul professeur qui ne commençât pas son cours par le Heil Hitler réglementaire. À plus forte raison dans les conversations privées, il faisait une si dure critique des nazis que je me rendais compte à quel point il était lucide sur son erreur de 1933. »




Georg Picht, élève à partir de 1940, raconte l’histoire suivante :



« Je ne fus pas surpris lorsqu’un jeune homme vint me trouver et me dit : “Ne m’interrogez pas sur mes sources d’information. Vous mettez votre personne en grand danger si on vous voit aussi souvent avec M. le Professeur Heidegger.” »



(Erinnerung an Martin Heidegger,
Pfullingen, Neske, 1977)


Il y a unanimité des étudiants sur le discours anti-nazi de Heidegger. E.Faye croit pouvoir citer un contre-témoignage selon lequel il serait arrivé à Heidegger de porter une chemise brune et de faire le salut hitlérien. Mais c'était là le règlement effectivement appliqué par tous les autres professeurs sans exception, et il n'y a donc là rien d'extraordinaire à relever, et les autres témoignages affirment au contraire que Heidegger refusait de faire le salut comme le faisaient ses collègues (quant à Karl Löwith également cité par E.Faye il ne peut pas être témoin de la période en question puisqu'il quitta l’Allemagne entre 1934 et 1952).

Reste le cas de G.Anders qui aurait été étrangement le seul étudiant lucide à décrypter un hitlérisme forcené chez son professeur. Or on peut sérieusement mettre en doute la bonne compréhension des cours de Heidegger par Anders quand on se souvient de son livre Sur la pseudo-concrétude de la philosophie de Heidegger, concept jamais revendiqué par ce dernier, et surtout de sa critique selon laquelle "le Dasein heideggerien n'a pas de corps". Or le Dasein n'a pas plus d'âme ou même d'esprit que de corps : la notion de Dasein sert justement à dépasser la distinction corps/esprit... Que faisait Anders pendant les cours?

Il y a beaucoup de façons d'être un résistant. On peut prendre les armes mais aussi distribuer des tracts ou encore prendre publiquement la parole. Contrairement à ses collègues, Heidegger a fait ce qui lui incombait en tant que professeur de philosophie : il ne s'est pas tu.

Nous ne nous en rendons plus compte car il faut pour cela se mettre dans l'atmosphère totalitaire, dont on a souvent du mal à se représenter la folie et l'horreur - comme le montrent ceux qui s'indignent de ce que les Allemands n'aient pas davantage résisté à Hitler, affichant par là leur ignorance de ce qu'est le totalitarisme. Il faut lire pour cela 1984 d'Orwell (avec Bigbrother, le "Grand frère" qui vous veut du bien). C'est une telle immersion que permet le documentaire suivant. : "La langue ne ment pas" - le nazisme par V.Klemperer

Klemperer explique que l'oppression mentale totalitaire est faite de "piqures de moustiques et non de grands coups sur la tête". De même la résistance de Heidegger n'était pas faite d'(impossibles) coups d'éclats, mais répondait au jour le jour, in medias res à la propagande nazie en en reprenant parfois le vocabulaire (ce qui a causé des quiproquos - dont le plus grand est le livre d'E.Faye après la guerre, mais certainement pas à l'époque comme en témoignent avec force les étudiants). Les cours de Heidegger peuvent ainsi être lus comme des actes de résistance à la récupération des notions philosophiques par la langue nazie, au mélange "de Novalis et de Barnum" comme dit Klemperer. Sous un régime totalitaire la résistance de la parole et de la pensée n'est pas anodine.

Klemperer raconte par exemple que les nazis parlaient à tout propos de Erlebnis (expérience vécue) et de Weltanschauung (conception du monde). Or ces notions sont violemment remises en question par Heidegger lors de ses cours de l'époque, notemment dans "L'époque des conceptions du monde" dans les Chemins (1938) où on peut lire en conclusion la phrase : "les pénibles ramassis de choses aussi insensées que les philosophies national-socialistes". D'autre part les nazis affectionnaient les termes organiques, et l'idée d'organisation en politique était alors dénoncée par Heidegger.

Or Heidegger est inscrit au NSDAP depuis 1933. Rappel des faits :

En avril 1933, Heidegger sort de sa retraite de philosophe pour être élu recteur de l'université de Fribourg et soutient publiquement le parti socialiste révolutionnaire NSDAP et son chef nouvellement chancellier, Adolf Hitler, alors extrêmement populaire en Allemagne et représentant du parti majoritaire. Rappelons que NSDAP signifie "parti socialiste national des travailleurs allemands", appellation où n'apparaît rien des projets criminels et racistes de Mein Kampf, bien au contraire : les nazis se présentaient comme des socialistes, et Hitler répétait sans cesse dans ses discours qu'il n'aspirait qu'à la paix dans le monde et à la fraternité entre les peuples. (Voir Hitler menteur (Heidegger et Mein Kampf) ainsi que l'article du site d'histoire "Hérodote" : Hitler vu par ses contemporains)

Onze mois plus tard, Heidegger démissionne de son poste de recteur et prend ses distances avec ceux qui assument de plus en plus tout ce qu'implique le surnom de "nazis". Pourtant, même s'il n'a plus aucune activité politique, Heidegger ne résilie pas son inscription au parti, et, après la guerre, refusera toujours de renier publiquement son engagement de 1933, même s'il le fera en privé. Deux explications rationnelles à cette attitude :

1) on ne rend pas sa carte d'un parti totalitaire au pouvoir et en guerre sans le payer non seulement de sa propre vie mais de celle de sa femme, de ses enfants, voire de ses amis.
2) Heidegger a expliqué lui-même qu'il avait cru pouvoir influer sur le sens de la "révolution nationale" hypocritement revendiquée par Hitler et qu'il s'était comme beaucoup d'autres illusionné, mais n'avait jamais adhéré à l'idéologie nazie.

Par ailleurs, la publication du cours sur Nietzsche professé pendant la guerre aparaissait pour Heidegger comme une preuve suffisante de son opposition au régime. En effet tout le cours est destiné à empêcher la récupération de Nietzsche les interprétations biologistes et darwinistes de l'homme, ce qui revenait pour les auditeurs à une critique directe du racisme de Hitler. N'oublions pas que ces propos sont tenus publiquement au sein d'un régime totalitaire en guerre, où la moindre ambiguité suffit à arrêter quelqu'un. Heidegger n'a donc pas manqué d'un certain courage, certes limité à un amphithéâtre d'université, mais qu'il serait indécent de vouloir tenir pour rien.

G.Guest rappelle ainsi que "Heidegger critique et stigmatise, bel et bien, sur le fond, en maintes occasions, de façon ouvertement et très expressément caustique, le « racisme », l’« eugénisme » et le « biologisme » en question — et que l’usage fait du mot « völkisch » par l’idéologie "nazie" est même, lui aussi, expressément stigmatisé (voire ridiculisé), dès 1933, par Heidegger ! (Voir, par exemple, le discours de Heidegger expressément dirigé, le 30 janvier 1934, contre le « biologisme » et la « biologische Weltanschauung » de Erwin G. Kolbenheyer, dans le Cours du semestre d’hiver 1933/1934 : « Vom Wesen der Wahrheit », in : Heidegger, Sein und Wahrheit, Gesamtausgabe, Bd. 36/37, Vittorio Klostermann, Frankfurt am Main 2001, pp. 209-213, notamment pp. 211/212.)"

De fait, Heidegger se fit des ennemis au sein du parti. Ernst Krieck, proche de Rosenberg et membre de la Allgemeine SS, a organisé dès 1934 dans son journal nazi Volk im Werden une véritable cabale contre la pensée de Heidegger considérée comme "un ferment de décomposition et de désagrégation pour le peuple allemand". Il l'y traitait également de "rabbin" en raison des nombreux étudiants juifs qui de notoriété publique venaient assister à ses cours.

En 1944, Heidegger est réquisitionné pour des travaux de fortification sur le Rhin. Il est alors considéré par le régime comme faisant partie de la "dernière" catégorie des professeurs, ceux dont on n'a rien à faire. Puis il est enrôlé dans la milice populaire. En 1945, les autorités françaises d'occupation jugeront bon de reconduire purement et simplement la sanction prise à son égard par les autorités nazies : il restera donc éloigné de l'Université jusqu'en 1951. Il rompt son silence d'écrivain en publiant la Lettre sur l'humanisme (1947).


CE QUE HEIDEGGER A DIT DE SON ENGAGEMENT DE 1933


"Nous étions [avec Heidegger] dans le jardin et parlions de la Grèce. Je lui dis soudain, avec une vivacité à laquelle l'esprit malin du vin de Bade n'était pas étranger, que son engagement désastreux en 1933 avait mis dans un bel embarras ses amis français. Pourquoi à cette époque avait-il fait cela? Je me souviens que Mme Heidegger me regarda, pétrifiée. Surpris, après un moment de silence, Heidegger se pencha vers moi avec l'air grave de quelqu'un qui s'apprête à livrer un grand secret : "Dummheit." Il répéta le mot comme s'il voulait donner plus de poids encore à une évidence. "Dummheit." Par stupidité."



Towarnicki, A la rencontre de Heidegger
Gallimard Arcades p.125


"L'admiration immense éprouvée pour l'oeuvre de Heidegger n'occultait nullement l'inclination à la raillerie. Heidegger s'était inventé une révolution nationale qu'il avait été le seul à vivre à Fribourg (...) - rêve d'engagement aussi grotesque que solennel."



ibid. p.107
voir aussi p.97sqq


Arendt revient elle aussi sur son amertume dans « Entretien avec Hannah Arendt » de Günter Gaus :

"En 33, j'ai pu constater que chez les intellectuels l'alignement était de règle - et pas chez les autres... D'aucuns y ont cru vraiment ! Pas longtemps, certains pas longtemps du tout. Parce qu'ils avaient une théorie sur Hitler, des idées éminement intéressantes, figurez-vous, des théories fantastiques, passionnantes, sophistiquées ! Des choses qui planaient bien au dessus du niveau de réflexion habituel ! Pour moi c'était grotesque. Ces intellectuels ont été piégés par leurs propres théories. Voilà ce qui s'est passé en fait."


CE QUE HEIDEGGER A DIT DES CAMPS D'EXTERMINATION :


Heidegger écrit en 1949 dans les Conférences de Brême que par le meurtre de masse les nazis ont non seulement tué des hommes mais leur ont encore volé leur "mort", c'est-à-dire leur Dasein, leur humanité la plus intime ("mourir" dans Etre et temps appartient à l'être humain et se distingue de "périr") :




"Des centaines de milliers meurent en masse. Meurent-ils ? Ils périssent. Ils sont tués. Ils deviennent les pièces de réserve d’un stock de cadavres en cours de fabrication. Meurent-ils ? Ils sont liquidés sans bruit dans les camps d'extermination. (...) Au milieu des morts innombrables l’essence de la mort demeure méconnaissable."


C'est à cette description de Heidegger, l'une des plus lucides jamais faites de l'horreur des camps, et la seule selon J.-C.Milner, que renvoie explicitement Hannah Arendt dans Les origines du totalitarisme :

« Les camps de concentration, en rendant la mort elle-même anonyme (en faisant qu'il soit impossible de savoir si un prisonnier était mort ou vivant) dépouillaient la mort de sa signification : le terme d'une vie accomplie. En un sens ils dépossédaient l'individu de sa propre mort, prouvant que désormais rien ne lui appartenait et qu'il n'appartenait à personne. Sa mort ne faisait qu'entériner le fait qu'il n'avait jamais vraiment existé. »
Le système totalitaire, p. 258


voir aussi :
- Penser Auschwitz avec Heidegger (Heidegger contre le nazisme 2)

- Heidegger nazi par F.Fédier et S.Zagdansky (vidéo)
- L'affaire Heidegger close selon la revue "Esprit" : résumé du livre Heidegger à plus forte raison.
- Discours du Rectorat : "Heidegger platonicien" : le discours du Rectorat contraire à l'idéologie nazie par J.Taminiaux
- "La langue ne ment pas" - vivre sous le nazisme par V.Klemperer

Et la page de documents historiques sur le nazisme

Et les autres articles sur Le cas Heidegger :

HEIDEGGER CONTRE LE NAZISME

Heidegger : le dérapage de la polémique
Discours du Rectorat : "Heidegger platonicien" par J.Taminiaux
Heidegger résistant par G.Guest (Héraclite)
Penser Auschwitz avec Heidegger
Les Ecrits politiques de Heidegger par F.Fédier
Heidegger contre le racisme par F.Fédier
Comment F.Fédier est revenu de ses préjugés contre Heidegger
LES INTELLECTUELS ET LE NAZISME

Hitler menteur (Heidegger et Mein Kampf)
Kantorowicz, juif et nazi ? (Heidegger, les intellectuels et le nazisme)
Heidegger, Céline, Kantorowicz... - Les intellectuels et le nazisme (2)
Céline nazi ?
LA PHILOSOPHIE DE HEIDEGGER

La philosophie de Heidegger
Dasein et Fantasia - La philo de Heidegger (2) (extrait de F.Fédier)
Envoyé par Sonia_004 - le Lundi 27 Avril 2009 à 11:02
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