Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

Le chef de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, souvent présenté par l'Occident comme un "partenaire de paix modéré", a une fois de plus indiqué qu'il est prêt à reprendre les négociations avec Israël, mais pas à renoncer à une seule de ses conditions préalables à n'en plus finir.

Dans une interview avec le journal panarabe Al-Hayat publiée samedi, Abbas a exprimé l'espoir que le secrétaire d'état américain John Kerry, qui pousse les parties à retourner à la table des négociations, fera bientôt une nouvelle visite dans la région.

Les négociations, a-t-il souligné, seront un point de départ, et "alors que nous ne pouvons pas tout obtenir, nous allons nous battre pour réaliser nos aspirations nationales, en particulier sur la question d'Al-Qods (le nom arabe de Jérusalem), qui est une question que nous n'abandonnerons pas, parce que si ce n'est pas la capitale de la Palestine, il n'y aura pas de solution."

Abbas a rejeté les allégations selon lesquelles l'autorité palestinienne a fait des concessions à Kerry.

"Montrez-moi une concession que nous avons fait," a-t-il dit, ajoutant : "quand nous présentons la demande d'un état palestinien dans les frontières de 1967, ce n'est pas une condition. Cette question apparaît dans tous les documents de l'ONU."

Abbas a insisté sur le fait qu'Israël reconnaisse la ligne d'armistice de 1949 avec l'Egypte et la Jordanie comme la frontière désignée pour tout futur état de l'AP. Israël refuse, vu que les frontières d'avant 1967 sont indéfendables et qu'un retour à ces frontières garantirait sa destruction.

La demande qu'Israël reconnaisse ces frontières indéfendables comme une frontière désignée pour un état palestinien n'est qu'une parmi une longue liste de conditions préalables qu'Abbas impose aux négociations. Il a également exigé la libération des terroristes emprisonnés en Israël avant les accords d'Oslo de 1993, et que l'état juif gèle toute construction juive en Judée, en Samarie et à Jérusalem Est.

Dans l'interview donnée à Al-Hayat, Abbas a exprimée son opposition catégorique à toute lutte armée contre Israël, en disant : "je ne vais pas brandir le drapeau d'une lutte armée et voir ensuite mon pays détruit. Pas un missile ne sera tiré à partir de notre territoire pour voir les israéliens réagir et détruire notre pays. Nous avons essayé durant la deuxième intifada, qui a conduit à la destruction, et en 2007 et 2009, et le résultat est que l'Egypte a parrainé un accord pacifique entre le Hamas et Israël, qui voit des opérations armées comme des hostilités. Notre voie est la voie de la résistance populaire par des moyens pacifiques."

Abbas a exprimé son opposition à un état unique en "Palestine", en disant que "nous ne voulons pas une alternative à la notion de la solution à deux états."

Selon Abbas, les arabes de l'AP et des autres pays ne font pas assez pour parler aux dirigeants juifs américains et présenter leurs positions. Ces dirigeants, selon lui, sont seulement exposés aux positions du premier ministre Benyamin Netanyahou.

La semaine dernière, Abbas a déclaré que Kerry avait fait des "propositions utiles et constructives" lors de sa récente visite de quatre jours, et a ajouté qu'il était "optimiste" quant à l'issue.

"Kerry a fait des propositions utiles et constructives, et nous ne disons pas qu'elles sont mauvaises, mais elles ont besoin de plus de précisions et d'explications avant que nous puissions reprendre les négociations," a déclaré Abbas.