Culture Israël

Après "La fiancée syrienne" et "Les citronniers", le très attendu nouveau film de Eran Riklis,  "Le voyage du directeur des ressources humaines" sortira en salles le 15 décembre. Le prix du public remporté au prestigieux festival de Locarno et la moisson triomphale aux Oscars israéliens (5 récompenses dont la suprême, celle de meilleur film israélien de l’année) laissaient augurer le meilleur... et nous ne sommes pas déçus ! Ce long-métrage, brillante adaptation du roman de Avraham B. Yehoshua, est un petit bijou, drôle et sensible, qui ravira les spectateurs en cette période de fin d’année.

Tout démarre dans la plus grande boulangerie de Jérusalem, où éclate un scandale : suite à la mort accidentelle d’une employée, un quotidien local accuse l’entreprise d’inhumanité et d’indifférence, dévoilant que personne au sein de l’usine n’avait remarqué l’absence de la jeune femme. Pour redorer l’image de la boulangerie, son directeur des ressources humaines  est envoyé en mission : il doit amener le cercueil de l’employée dans son village d’origine ! Le voici à la tête d'un convoi chaotique, entre le fils de la défunte, un exaspérant journaliste, et  une consule excentrique,  dans un périple qui l'entraîne des rues mystiques de Jérusalem à la glaciale Roumanie.

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Le voyage sera plein de rebondissements profonds et divers, pour notre plus grand plaisir : on rit des facéties de la consule, s’agace du comportement du journaliste, pleure avec la mère de la victime qui se met silencieusement à genoux. Autant de personnages attendrissants et hauts en couleur... qui sauront aussi petit à petit transformer le DRH. A priori froid, indifférent et incapable de sentiments, il retrouve progressivement son humanité... Comme si les paysages enneigés, presque dépeuplés, de la Roumanie –que Eran Riklis rêvait de filmer depuis longtemps- lui procuraient l’air frais dont il a besoin pour s’ouvrir... et comme si la mort de cette femme, qu’il ne connaissait pas mais apprend à admirer, le ramenait à la vie. L’acteur israélien Mark Ivanir est remarquable d’un bout à l’autre dans ce rôle.

En filigrane, Eran Riklis nous offre un nouveau portrait de la société israélienne, même si ce film paraît moins politiquement engagé que les précédents. A travers cette histoire, il scrute en fait le regard des Israéliens sur les étrangers en quête de terre promise, et sur le monde en général. Une analyse toute en subtilité de la psychologie israélienne, qui a d’ailleurs été choisi pour représenter Israël lors de la prochaine cérémonie des Oscars à Los Angeles.