Israël : Défense au Moyen-Orient

Vendredi dernier, selon des sources étrangères, Israël a de nouveau attaqué une cible militaire dans l'aéroport de Damas. Il semble y avoir une routine dans les raids israéliens en Syrie, qui n'intéressent aujourd'hui plus personne. Les syriens, l'Iran et le Hezbollah ne semblent plus trop excités non plus. Ont-ils accepté les mesures préventives israéliennes ? Est-ce qu'ils ne répondent pas parce que la dissuasion israélienne est encore efficace ? Les pressions russes les empêchent-ils d'agir ? Je crains qu'il puisse y avoir une autre explication.

Nos ennemis sont prêts à occasionnellement sacrifier des moyens ou des cibles qu'Israël aurait jugé devoir détruire, mais en même temps, ils ont trouvé d'autres moyens de transférer des armes avancées de l'Iran au Liban à travers la Syrie. Cela n'est pas particulièrement compliqué, à la lumière de trois choses : un, la frontière entre la Syrie et le Liban mesure 300 kilomètres de long, et la majeure partie de la région est couverte d'arbres et montagneuse; deux, des centaines de camions se rendent tous les jours de Syrie au Liban; trois, il n'y a personne entre Téhéran et Beyrouth qui soit capable d'empêcher la force aérienne israélienne de mener ces frappes.

Il n'y a pas d'autre choix que de conclure que, malgré les raids israéliens, le Hezbollah continuera de construire son pouvoir presque sans perturbation. Les activités israéliennes auront été axées sur une tentative d'empêcher le Hezbollah de recevoir ou de produire des missiles de précision. C'est sans aucun doute la cible préférée. Il existe une énorme différence entre le potentiel de dégâts d'armes de précision et d'armes statistiques. Israël est un petit pays avec un petit nombre de sites vitaux et une faible redondance. Si les centrales électriques, aéroports, ports maritimes, gares ou hôpitaux sont endommagés lors de la prochaine guerre, Israël paiera un prix presque insupportable, en plus des centaines de pertes.

Il y a deux conclusions dans ce changement sérieux de la menace. Tout d'abord, Israël devrait continuer d'essayer d'empêcher le Hezbollah de s'armer avec des armes précises. Cependant, vu que je doute que nous pourrons empêcher cela au fil du temps, il faut souligner la deuxième conclusion : si quelqu'un tir sur Israël depuis le Liban, nous entrainant dans la "troisième guerre du Liban", nous ne devons pas laisser la guerre durer 33 jours comme en 2006. Une longue guerre causera des dommages intolérables aux infrastructures militaires et civiles d'Israël.

La seule façon de faire en sorte que la prochaine guerre soit courte exige que nous combattions l'état du Liban, pas seulement le Hezbollah. Israël peut détruire les infrastructures et l'armée du Liban en quelques jours. Comme il n'y a personne dans le monde, ni les libanais, ni le Hezbollah, la Syrie ou l'Iran, et bien entendu, l'Arabie Saoudite, la France, la Russie et les Etats-Unis, qui veut voir le Liban détruit, cela entrainera une pression internationale massive pour atteindre un cessez-le feu en une semaine ou moins, et c'est exactement ce dont Israël a besoin.

Atteindre une telle décision en temps réel, lorsque le conflit éclate, est insuffisant. Israël devrait déjà commencer à transmettre ce message, pour deux raisons : tout d'abord, nous allons assurer la dissuasion et éventuellement prévenir la prochaine guerre, puisque, comme mentionné, personne dans le monde ne veut voir le Liban détruit. Deuxièmement, si une guerre éclate au final, il est important que les états occidentaux, au moins les Etats-Unis, comprennent qu'Israël choisit cette stratégie sans autre choix. Malheureusement, Israël transmet des messages opposés.

Il y a environ une semaine, à la fin de l'exercice militaire majeur dans le nord d'Israël, le ministre de la défense et les chefs des armées ont transmis le message qu'Israël était capable de vaincre le Hezbollah. C'est une erreur. Même si Israël gagne, mais que la guerre dure environ cinq semaines comme en 2006, nous allons payer un prix énorme avec lequel nous aurons du mal à vivre.

Le major-général (de réserve) Giora Eiland est un ancien chef du conseil national de sécurité d'Israël.