Israël : Défense au Moyen-Orient

Le Raad iranien était à l’origine un missile a moyenne portée, modernisé et équipé de systèmes de navigation et de guidage. Il provient d’une famille de roquettes perfectionnées qui sont au centre d’une campagne résolue menée par Israël pour empêcher les munitions de haute qualité d’atteindre le Hezbollah.

Le tir de missile dimanche sur le Mont Hermon a révélé le fait que les iraniens détiendraient apparemment un arsenal de Raad en Syrie. Et malgré les bombardements de l’armée de l’air israélienne, il reste à craindre que certains de ces missiles n’atteignent encore – ou aient déjà atteint – leur destination au Liban, ce qui entrainerait un changement fondamental de la menace venant du nord. Car si un seul missile a été tiré dimanche, cela est probablement dû aux limites imposées a ce modèle et a son lanceur embarqué.

Mais les iraniens sont à nouveau tombés dans un piège tendu par Israël : les évènements de ces deux derniers jours sont une réplique exacte de l’opération Maison de Cartes de mai 2018. Dans les deux cas, les iraniens ont tenté de punir Israël pour le bombardement de cibles des Gardiens de la Révolution en Syrien. Dans l’opération Maison de Cartes, Israël a suivi les préparations de l’Iran visant à venger le meurtre de soldats iraniens dans un aéroport syrien le 4 février 2018. Il a fallu trois mois aux iraniens pour organiser ce plan, sous le regard vigilant d’Israël. Et au début du mois de mai, Israël a mené son attaque préliminaire a la base al-Kiswah, près de Damas, afin de détruire les missiles visant son territoire. Suite a l’attaque, les iraniens n’ont pas eu d’autre choix que de réagir en lançant des roquettes quelques jours plus tard depuis la région de Damas vers les hauteurs du Golan.

Israël avait mis en scène cette chaine d’évènements grâce a ses renseignements. Les roquettes iraniennes n’ont causé aucun dommage, mais ont servi de prétexte et de légitimité a la suite des évènements. Israël a utilisé sa propre réponse a la violation de sa souveraineté par l’Iran pour éliminer d’un seul coup le gros de l’infrastructure militaire iranienne en Syrie. Les iraniens sont tombés dans le jeu de poker d’Israël.

Cette séquence s’est à nouveau déroulée ces deux derniers jours : fin décembre Israël a attaqué l’aéroport de Damas, tuant un certain nombre de combattants iraniens. Et dans ce cas également, les iraniens ont planifié leur vengeance sous l’œil vigilant d’Israël en mettant en place un missile sol-sol dans une zone iranienne autonome parmi les bases syriennes d’al-Kiswah.

Dimanche, tout comme lors de la première attaque en mai, l’armée de l’air israélienne a frappé la région. Les iraniens, tout comme lors de la première attaque de mai, ont été poussés à réagir de manière anticipée par Israël en tirant leur missile sur le Mont Hermon. Israël avait prédit cette réaction et placé une batterie Dôme de Fer dans la région permettant d’abattre le missile iranien. Il a également utilisé cette attaque comme une occasion de « vengeance ». Comme lors de l’attaque en mai, les syriens ont signalé des frappes aériennes et sol-sol sur des cibles à Damas, plusieurs heures après et sous couvert de l’obscurité.

Malgré le contrôle évident de la situation par Israël, un sentiment d’échec pourrait bien amener Qassem Suleimani, commandant de la Force Qods des Gardiens de la Révolution en Syrie, à réagir de manière irrationnelle. Les iraniens en Syrie sont désavantagés par rapport à Israël, et le terrorisme est le seul moyen de nuire à Israël depuis la Syrie. En effet, les tirs de missiles sur le Mont Hermon constituent une forme d’attaque terroriste ciblée, dans la mesure où il s’agissait d’une tentative de tuer autant d’israéliens que possible et de nuire au moral de la population. L’Iran peut lancer des attaques terroristes à partir de la frontière syrienne par l’intermédiaire de ses mandataires ou au sein d’Israël via des cellules palestiniennes à Gaza et en Judée Samarie. Mais aussi, son infrastructure peu avoir un impact majeur.

L’Iran estime que les attaques terroristes contre des cibles israéliennes à l’étranger sont problématiques au regard de ses relations sensibles avec les pays européens. Mais il pourrait mener une campagne efficace contre Israël depuis le front libanais via le Hezbollah ou depuis l’Iran ou l’ouest de l’Irak. Pourtant, toutes ces options, en particulier celle du Liban, constitueraient une déclaration de guerre à Israël qu’un pays comme le Liban ne peut tout simplement pas se permettre.