Politique Israël

L'acquittement mercredi de l'ancien ministre des affaires étrangères Avigdor Lieberman ouvre la voie à son retour au gouvernement, ce qui pourrait bien influencer les initiatives diplomatiques qu'Israël cherche à faire.

Une source proche de Lieberman a déclaré que "sa position en ce qui concerne les négociations avec Abbas est claire : il ne croit pas qu'un accord est possible, et il ne croit pas dans les capacités de l'autorité palestinienne."

Lieberman est généralement resté loin de la question palestinienne, mais a fait plusieurs remarques contre l'autorité palestinienne, qui ont soulevé certaines inquiétudes dans le monde. L'évaluation actuelle est qu'il ne va pas garder le silence sur les négociations, mais ne détruira pas activement les pourparlers, par respect pour les liens existant (encore) entre Israël et les Etats-Unis.

De toute manière, un retour de au ministère des affaires étrangères donnera à Lieberman une voix importante dans les discussions israéliennes sur les pourparlers. Bien que Netanyahou prenne les décisions finales, Lieberman pourrait rendre les choses plus difficiles pour le premier ministre.

Le premier ministre Benyamin Netanyahou et Lieberman ont tenu une réunion mardi pour préparer un éventuel retour de Lieberman dans la politique israélienne, et ont examiné, entre autres questions, le renouvellement des pourparlers de paix.

Un responsable israélien a déclaré que Netanyahou demanderait à son cabinet dimanche d'approuver la re-nomination de Lieberman en tant que ministre des affaires étrangères. Ensuite, le parlement votera sur la question, peut-être lundi, a indiqué ce responsable, parlant sous condition d'anonymat parce que Netanyahou n'a pas encore parlé publiquement sur la question.

Le verdict sur Lieberman mercredi a coïncidé avec une visite du secrétaire d'état américain John Kerry, qui se trouve dans la région pour essayer de relancer les pourparlers de paix chancelants.

Il a mis en doute la loyauté de la minorité arabe d'Israël, a exprimé des doutes quant à l'engagement des palestiniens envers la paix et a confronté les critiques étrangères d'Israël. Le franc-parler de Lieberman a parfois aliéné des alliés d'Israël, tout en faisant de lui une voix importante dans le pays.

Lors de son passage en tant que ministre des affaires étrangères, il a poussé une série de propositions législatives que les critiques disaient êtres discriminatoires envers la minorité arabe d'Israël, y compris une tentative ratée d'exiger des israéliens la signature d'un serment de loyauté ou de voir leur nationalité révoquée.

Avraham Diskin, politologue a l'Université Hébraïque, a déclaré que Lieberman est "sceptique et ne croit pas a un accord de paix. Mais je ne pense pas que les négociations s'arrêteront à cause de cela."

Il a dit que Netanyahou a toujours la possibilité de tendre la main à l'opposition si il y a des progrès (…) dans les efforts de paix.

Mais alors que les négociations ne donnent aucun progrès tangible, Lieberman a peu de raison d'abandonner Netanyahou. De nombreux analystes estiment qu'il tente en fait de se positionner comme un futur premier ministre lorsque Netanyahou, âgé de 64 ans, se retirera.

Dans le même temps, Lieberman a parfois montré des signes de pragmatisme. Par exemple, il a dit qu'il soutiendrait le démantèlement d'implantations juives, y compris celle où il vit, dans son plan de redessiner les frontières.

Yéhouda Ben-Meir, analyste politique à l'institut d'études de sécurité nationale, et ancien ministre adjoint des affaires étrangères, a déclaré que Lieberman peut montrer une clémence surprenante en ce qui concerne les négociations de paix.

"L'opinion admise est qu'il est très belliciste et qu'il va essayer de perturber et d'empêcher un accord," a déclaré Ben-Meir. "Mais de la part de quelqu'un qui le connaît personnellement… Lieberman pourrait surprendre."