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![]() Guy Millière : "Les imbéciles utiles de J-Call"
Le 3 mai prochain, sera organisée, à Bruxelles, une soirée destinée au lancement de J-Call, « l’appel à la raison des juifs européens ». Y participeront des gens qui s’égarent gravement, et qui s’apprêtent à occuper la position des « idiots utiles ». S’ils persistent, je devrai considérer qu’il s’agit d’idiots utiles consentants et sachant ce qu’ils font. De quoi s’agit-il ? Sous prétexte d’un appel à la « paix », de déstabiliser le gouvernement d’Israël, et, dans un moment où Israël est l’objet de pressions sans précédents exercées non plus seulement par l’Union Européenne, mais par l’administration la plus anti-israélienne que les Etats-Unis aient connu depuis 1948, d’ajouter aux pressions existantes celles de juifs européens se prétendant « amis d’Israël », mais se comportant étrangement, et, au delà, de diviser ceux qui soutiennent Israël, et de semer la confusion. Au centre de cet appel, il y a un texte, qui relève de bien davantage que l’aveuglement volontaire et qui fait penser au morceau de papier que Chamberlain a brandi à son retour de Münich, en 1938, en parlant de « paix dans l’honneur » : six semaines avant la « nuit de cristal ». Derrière cet appel, il y a une organisation américaine qui se prétend être une « nouvelle organisation juive de soutien à Israël », et qu’Alan Dershowitz, qui a soutenu Obama avant de découvrir qu’il avait affaire à un imposteur, a appelé, à juste titre, « le lobby anti-israélien ». Je regrette profondément de voir figurer, parmi les noms des signataires de l’appel, des gens pour qui j’ai, a priori, de l’estime. Je veux penser qu’ils ont été trompés, qu’ils s’en apercevront vite, et cesseront de cautionner ce qui ne peut l’être par des gens estimables. Je ne peux, en tout cas, rester silencieux vis-à-vis de ce que je considère comme une action néfaste et perverse en un moment particulièrement mal choisi. Je reviendrai sur le vrai visage de J Street, qui doit être mis au jour. J’ajouterai ici seulement quelques points, qui constituent une réponse au texte : - Israël fait partie de l’identité de tous les êtres humains qui discernent ce que le peuple juif et le judaïsme ont apporté à la civilisation. L’avenir et la sécurité d’Israël devraient et doivent concerner tous les êtres humains attachés à la démocratie, aux droits humains, à la liberté et à la dignité. - l’existence d’Israël est mise en danger non pas par les actions d’Israël et de son gouvernement, qui se contente d’assurer la sécurité du peuple israélien et le fait de manière strictement défensive, mais par la haine sans répit que lui vouent des ennemis imprégnés de racisme, d’esprit totalitaire et de volontés exterminationnistes. Ce danger se trouve renforcé par tous ceux qui, plutôt que de dénoncer les discours islamo-fascistes du gouvernement iranien, du Hezbollah, du Hamas et, le plus souvent, des dirigeants de l’Autorité Palestinienne, passent rapidement sur ces discours pour se joindre au chœur de ceux qui condamnent arbitrairement Israël et son gouvernement. L’existence d’Israël se trouve particulièrement mise en danger lorsque des « amis » d’Israël reprennent le mot d’ « occupation » : arrive-t-il à ces « amis » de se demander pourquoi ils sont contre l’épuration ethnique partout ailleurs sur terre, mais en faveur de l’épuration ethnique dès lors qu’il s’agit des terres « palestiniennes » qui, semble-t-il, sont « occupées » dès lors que des juifs entendent y vivre (et sans doute libres lorsqu’elles sont pures de toute présence juive). - l’avenir d’Israël passe par une paix qui remplirait des conditions permettant une paix véritable. Une paix n’est pas possible avec des organisations terroristes qui prônent la destruction et la « lutte armée », et non la coexistence pacifique. Elle n’est pas possible avec des gens qui honorent des assassins tels Dahlia Moghrabi et les appellent non pas assassins, mais « martyrs ». Elle n’est pas possible avec l’éducation que reçoivent les enfants de Gaza sous la coupe du Hamas, et les enfants relevant de l’Autorité Palestinienne. Le slogan « deux Etats pour deux peuples » est vide de sens et digne de ceux élaborés autrefois par la propagande stalinienne : ce qui manque dans ce slogan est la nature des Etats en question et les aspirations des peuples en question, auxquelles contribuent, outre l‘éducation, les réseaux d’information. Un Etat démocratique à côté d’un Etat voyou nouvellement créé, cela ne crée pas la paix, mais la guerre sous un autre nom. Un peuple voulant la paix à côté d’un peuple à qui on inculque une haine antisémite sanguinaire et à qui on accorde des aides financières sans exiger que cesse l’inculcation, cela ne crée par la paix non plus. - L’avenir d’Israël passe par le fait que des gens qui se prétendent « amis d’Israël » cessent de colporter des mensonges démographiques (les juifs ne risquent pas d’être minoritaires dans leur propre pays, sauf si on reprend les statistiques palestiniennes, qui sont aussi fiables que ceux des plans quinquennaux soviétiques et si on accepte un « droit au retour » qui, lui-même repose sur des bases aussi fausses qu’un plan quinquennal soviétique), et cessent de stigmatiser Israël comme le font de vulgaires antisémites en parlant de « déshonneur israélien », mais jamais du déshonneur que constitue le fait pour les dirigeants du « deuxième peuple » de pratiquer sans cesse le double discours, l’incitation et l’exaltation de la violence, et le recours massif à la corruption et à des pratiques dictatoriales. - une paix véritable implique non pas une « pression » exercée sur « deux parties », mais que les conditions d’une paix véritable soient remplies. Etablir une équivalence entre un gouvernement démocratique et un peuple qui veut la paix véritable, d’un côté, et d’un autre côté un gouvernement voyou et un peuple incité à la haine et au meurtre équivaut à ignorer volontairement qu’un gouvernement voyou et un peuple incité à la haine et au meurtre ne sont susceptible de céder à aucune pression, sauf si on leur fait comprendre les conséquences de leur attitude, et à vouloir exercer des pressions sur le gouvernement démocratique et le peuple qui veut la paix véritable aux fins d’espérer vainement apaiser la partie adverse et de permettre à celle-ci d’avancer vers ses fins criminelles.
- un « règlement raisonnable » n’est possible qu’avec des gens raisonnables : reconduire des fanatiques assoiffés de sang à la raison ne peut se faire rapidement, et implique, en préalable, de montrer qu’on ne cède rien au fanatisme et à la soif de sang des fanatiques. Ce qui peut reprendre rapidement si on cède au fanatisme et à la soif de sang des fanatiques, ce ne peut être que le bain de sang : ce qu’aucun gouvernement israélien, aucun citoyen israélien, aucun véritable ami d’Israël, ne pourrait concevoir comme un « règlement raisonnable ». - respecter la souveraineté du peuple israélien implique de le laisser effectivement exercer sa souveraineté, et non pas de tenter, de manière méprisante et condescendante, de lui suggérer que ce sont des intellectuels de gauche européen qui, depuis leur bibliothèque et leur bureau, vont concevoir la « bonne décision ». Penser que des intellectuels de la gauche européenne bien pensante savent mieux que le gouvernement d’Israël ce que sont les « intérêts véritables d’Israël » excède le mépris et la condescendance, et atteint le degré suprême de la cuistrerie. Israël est une société démocratique et doit être traité comme une société démocratique. Israël est un état de Droit, et doit être traité comme tel. - la survie d’Israël ne dépend pas de la création d’un Etat confié à l’Autorité Palestinienne et au Hamas, mais de la défaite de l’islam radical et d’un retour à la vérité historique et politique. Un Etat palestinien existe déjà et s’appelle la Jordanie. Un deuxième Etat palestinien ne serait souverain et viable que s’il reposait, au préalable, sur un changement de régime dans l’ensemble des territoires régis par des arabes Palestiniens. Dans les conditions actuelles, il ne serait ni souverain ni viable, mais soumis à l’islam radical, et base d’attaques terroristes et d’actes de guerre, selon un modèle qui existe déjà, Gaza. Qui veut créer un deuxième Gaza autour de Ramallah ? - de vrais amis d’Israël ne peuvent ignorer ni l’islam radical, ni la vérité historique et politique. Ils ne peuvent ignorer ce qui s’est passé et se passe encore à Gaza. Ils ne peuvent passer sous silence ce qu’incarne le Hamas et la menace très concrète que l’Iran fait peser sur l’ensemble de la région. Il est consternant de voir qu’en une période difficile, Israël doit faire face non seulement à des ennemis déclarés, à de faux amis tels que les gouvernements européens et la présente administration américaine, mais aussi à d’autres faux amis qui avancent sous le masque de l’appartenance au monde juif pour se livrer à des manœuvres qui les disqualifient moralement. Il importe plus que jamais que les vrais amis d’Israël se fassent entendre, rétablissent la vérité historique et politique, et expliquent ce qu’est réellement la société israélienne, ce qu’est vraiment la menace islamiste radicale, que l’amitié pour Israël implique un respect pour la démocratie et l’état de Droit israéliens, et qu’une amitié pour les populations arabes palestiniennes impliquerait d’emblée de dire que l’incitation et l’exaltation de la violence , ainsi que les pratiques dictatoriales, sont, tout autant que le terrorisme, absolument inacceptables. Drzz Drzz est un blog d'informations et d'analyses recommandé par Guy Millière : http://leblogdrzz.over-blog.com Yonit MOZES
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D'où sors tu mon ami ?, voilà longtemps que je n'ai pas entendu l'accent Tunisien.C'est un plaisir de t'entendre.
D'après la Torah c'est le Créateur qui a choisi ce peuple et leur a donné ce pays, pour servir de témoignage aux nations. Je ne peux qu'espérer en Lui car sans Lui je n'arrive pas à croire à une solution.
Je lève mes yeux vers toi, qui siège dans les Cieux. Voici comme les yeux des serviteurs sont fixés sur la main de leurs maître, et les yeux de la servante sur la main de sa maîtresse, ainsi nos yeux se tournent vers l'Eternel, notre D.ieu, jusqu'à ce qu'il ait pitié de nous. Aie pitié de nous, Eternel, aie pitié de nous! Car nous sommes rassasiés de mépris; notre âme est assez rassasiée des moqueries des orgueilleux, du mépris des hautains.
Psaume 123 . Shalom Monika
Ce qui suit n'est pas une tentative de captation de lectorat... D'ailleurs, je n'ai aucun intérêt chez Causeur.fr.
Je signale simplement qu'il y a un fil de discussion, en ce moment, consacré à ce jcall.
Ce serait bien si nous étions nombreux à y mettre nos arguments.
Le nom de cette association anglo-tendance est ridicule.
C'est de l'anglais et on se demande pourquoi et ça ressemble à J Date, site de rencontre juif.
Encore une envie d'intellectuels de salon.
Ca ne tiendra pas.
1 mai 2009 kl.15:43 i PolitiqueIngen kommentarer
Entre Bible et Coran, qui peut dire qui est le plus sioniste?
Tout d'abord existe-t-il entre judaïsme et islam un conflit d'ordre théologique ? La réponse est sans ambiguïté : un tel conflit n'existe pas. Depuis toujours, l'islam est compris par les Juifs comme un monothéisme strict, un monothéisme d'une pureté parfaite, l'antithèse par excellence de tout paganisme. Le judaïsme a toujours su distinguer christianisme et polythéisme. Il n'empêche que l'idée de l'incarnation divine, du moins dans sa connotation réaliste, est profondément étrangère à notre tradition et détermine un fossé qui ne peut être comblé. Un tel problème ou d'autres analogues n'existent pas dans nos relations avec l'islam.
Le fait suivant, rapporté par Léon Askenazi1, l'illustre parfaitement :
Un peu avant la création de l'Etat d'Israël, le Rav Kook avait été appelé à des discussions par les Anglais. Ils lui ont dit : «Comment vous, les sionistes, vous voulez revenir à Jérusalem ? Que va-t-on faire avec les musulmans ?» Il a répondu: «Quoi ? Il y a une mosquée. Et alors ? Grâce à Dieu, dans une mosquée, il n'y a pas d'idole et s'il y avait la paix entre les Juifs et les musulmans, nous les Juifs d'Israël, de Jérusalem, nous pourrions dire nos prières dans la mosquée, sur la montagne du Temple. Ce serait parfaitement casher. Les musulmans sont de vrais monothéistes.»
Il est frappant de constater que la quasi-totalité des grands théologiens juifs, notamment Saadia Gaon, Maïmonide, Ibn Gabirol, Juda Halévy, sont tous issus de pays musulmans et ont étudié et discuté les doctrines islamiques, reprenant éventuellement à leur compte certaines notions ou arguments, quitte à indiquer avec telle ou telle doctrine des points de divergence. Historiquement tout s'est passé comme si la connaissance de la théologie islamique était utile à la formulation propre de la pensée juive, au même titre que la connaissance et la discussion des doctrines de Platon et d'Aristote2.
Il faut toutefois faire état d'une certaine différence dans l'interprétation du monothéisme entre judaïsme et islam. La notion de monothéisme a deux significations que l'on peut fixer respectivement par les termes d'unicité et d'unité du divin. La première version du monothéisme consiste à professer dans toute sa clarté et toute sa simplicité l'unicité de l'être divin. Telle est la pierre angulaire du credo islamique qui énonce : il n'y a pas d'autre divinité que Dieu. A partir de cette notion pure s'édifie une théologie rationnelle établissant les attributs positifs de cet unique Etre Suprême, lequel est rigoureusement exempt de toute représentation imagée. Rien dans cette conception ne peut choquer un tenant du judaïsme et la théologie juive se présente souvent en première approximation sous une forme semblable.
Cependant, à cette idée d'unicité, le judaïsme en superpose une autre, plus complexe, celle d'unité du divin, qu'il me faut maintenant introduire. Le point de départ en est un saut théologique, en vertu duquel la notion même d'Etre Suprême muni de ses attributs est dépassée, sinon même abandonnée. Dans le Guide des Egarés, Maïmonide a donné de ce saut théologique une formulation sans ambiguïté : en dernière analyse, rien ne peut être positivement énoncé de Dieu. Toute affirmation sur Dieu est une manière de parler excluant son contraire. L'ultime théologie du judaïsme, dit fermement Maïmonide, est négative. La théologie négative définie par Maïmonide place la notion de Dieu dans une transcendance qui non seulement échappe à toute représentation imagée, mais, plus que cela, échappe à toute détermination conceptuelle. Une expression nette de la différence qui apparaît ici entre pensée juive et pensée islamique a été également énoncée par le Rav Kook : le Dieu de l'islam se présente comme un Infini conçu, atteint conceptuellement ; le Dieu du judaïsme comme un Infini non conçu. Une autorité majeure du 18-ème siècle, le Gaon de Vilna, ira même encore plus loin dans cette radicalisation en énonçant : «de l'Infini, on ne peut rien dire ni penser, on ne peut même pas le définir comme l'Existant nécessaire 3.»
Conséquence de ce saut théologique, la relation à l'Infini ne saurait conserver son caractère de simplicité immédiate et directe. Elle se produit à travers les multiples figures où nous rencontrons l'Infini selon une détermination partielle. Pour le dire schématiquement, c'est à travers un monde de valeurs, qui, elles, sont tout à la fois infinies et concevables que s'effectue la relation à l'Infini. Dès lors le principe monothéiste prend une nouvelle signification : il consiste en l'affirmation de l'unité ultime des valeurs, et en conséquence leur conciliation possible, par delà la variété ou les contradictions dans lesquelles nous les saisissons. Telle est l'inspiration centrale de la loi juive : construire un modèle d'existence prenant en compte les nécessités concrètes et au sein duquel chaque aspiration humaine, chaque idéal, chaque transcendance, puisse trouver sa place. Il ne s'agit plus tant d'affirmer l'unicité de l'Etre suprême que l'unité dernière des formes de notre relation à l'Infini, laquelle ne peut se produire qu'à travers une multiplicité de valeurs4. Voici comment Léon Askénazi, à la suite de Jacob Gordin et d'Elie Benamozegh, résume cette conception du monothéisme :
La "sainteté", pour la Torah, c'est l'unité de toutes les valeurs. Chaque peuple, chaque nation, chaque tradition, chaque doctrine, chaque religion à la limite a, semble-t-il, pour tâche dans l'histoire de mettre en évidence, de façon spéciale, telle ou telle valeur en particulier. Le cas du judaïsme est à part. Son idéal, c'est l'unité des valeurs. Jacob Gordin, mon maître, citait le rabbin Elie Benamozegh, qui dans Israël et l'humanité écrit : Chaque nation, chaque tradition a une perle ; mais Israël est le fil du collier5.
Cette conception ne signifie pas relativisme, absence de toute hiérarchisation. Au sein de la constellation des transcendances qui se dévoilent avec l'apparition de l'humain, le judaïsme a des préférences nettes. Pour lui l'éthique, visée d'un perfectionnement personnel bien sûr mais surtout souci des obligations envers autrui et réalisation collective de la justice sociale, tient une place centrale ou en tout cas une place de choix. Le judaïsme privilégie une relation à l'Infini dont l'action morale est à la fois l'accomplissement et le témoignage. Voici comment s'exprime Emmanuel Levinas :
La relation morale réunit donc à la fois la conscience de soi et la conscience de Dieu. L'éthique n'est pas le corollaire de la vision de Dieu. Elle est cette vision même.... Dans l'Arche Sainte d'où Moïse entend la voix de Dieu, il n'y a rien d'autre que les tables de la Loi... ``Dieu est miséricordieux'' signifie ``Soyez miséricordieux comme lui''... Connaître Dieu, c'est savoir ce qu'il faut faire... Le pieux, c'est le juste6.
De même le Rav Kook écrit :
Cela ne nous chagrine pas si telle ou telle structure de justice sociale s'établit sans la moindre mention de Dieu, car nous savons que la seule exigence de justice, sous quelque forme que ce soit, constitue par elle-même l'épanchement divin le plus lumineux...7
Cependant hiérarchiser la constellation des valeurs ne signifie en aucune façon exclusion de l'une quelconque d'entre elles. Il suffit pour le judaïsme que soient respectés certains principes tenus par lui pour universels qui, pour la plupart, sont commandés par la raison ou se trouvent à la base de toute civilisation humaine. Le judaïsme fixe ces principes dans ce que le Talmud appelle les lois noachides, les lois des fils de Noé. Or il est facile de montrer que l'islam satisfait amplement aux exigences de ces lois noachides. En conséquence, nous avons la réponse à la question qui nous est posée : on ne saurait par définition associer à la relation entre judaïsme et islam la notion de choc des valeurs. Ce serait d'emblée contraire à l'idée monothéiste telle qu'elle est comprise par le judaïsme, unité ultime à la fois déclarée et construite de la multiplicité des accès à l'Infini, chacun de ces accès ayant sa pleine légitimité. C'est, entre autres, et peut-être même à une place privilégiée, le cas de l'islam.
Tant que nous nous maintenons sur ce plan théorique, toute divergence entre judaïsme et islam a donc vocation à se concrétiser dans une confrontation d'idées menée sur un mode amical, voire même fraternel. Mais un problème grave apparaît lorsque le monothéisme de l'unicité de l'islam se traduit de façon mécanique dans la vie sociale et politique. En effet, corollaire de la notion d'unicité, la ligne de plus grande pente de cette traduction tend à l'instauration d'une société religieusement homogène, éventuellement même totalitaire. Cette ligne de plus grande pente a souvent été suivie dans le monde islamique, avec notamment pour conséquence pour la communauté juive une situation de soumission institutionnelle accompagnée d'humiliations juridiquement formalisées. Cependant je ne prétends pas qu'il doive obligatoirement en être ainsi. Assurément l'islam peut être interprété sur un mode nuancé et tolérant et cela s'est effectivement produit à certaines périodes heureuses.
A partir du 20e siècle, la tendance hégémonique de l'islam, en corrélation avec la transformation de l'existence juive, a conduit à un nouveau conflit qu'il me faut maintenant décrire. Avec la naissance du mouvement sioniste, le peuple juif est entré dans une nouvelle phase de son histoire. Tout se passe comme si le peuple juif, considéré comme un tout, avait décidé de mettre un terme à des siècles de dispersion et d'absence d'indépendance politique en rétablissant sa souveraineté sur tout ou partie de la terre de Palestine. Or cette terre étant considérée comme une terre musulmane, la réalisation d'un tel processus est inadmissible pour un islam à tendance hégémonique. D'où la naissance d'un conflit de type très spécial. Ce n'est pas un conflit entre deux peuples, tel le conflit israélo-palestinien, où deux peuples se disputent une même terre. Ce n'est pas une guerre de religion, telles ces guerres qui ont opposé dans le passé l'islam et la chrétienté. Ce n'est pas non plus le choc de deux empires ou de deux systèmes sociaux. Dans tous ces exemples classiques les protagonistes, les entités qui s'opposent, relèvent d'un concept commun, peuple, religion, empire, système social. Alors qu'ici nous nous trouvons en face d'un conflit dont les protagonistes sont d'un côté une religion, un monothéisme à visée hégémonique, l'islam, et de l'autre un peuple, le peuple juif, l'essence du conflit étant la contestation religieuse d'une souveraineté nationale.
Cette hétérogénéité entre les parties en cause donne au conflit un caractère d'extrême rigidité. Les termes dans lesquels ce conflit se pose, religion à vocation hégémonique contre peuple aspirant à son indépendance, privent un dialogue de tout objet possible et même d'un langage commun et semblent ne pouvoir conduire qu'à la violence. Comment concilier l'eau et le feu ? Avant de revenir sur ce point dans un instant, je veux souligner deux éléments qui se combinent pour aggraver encore de façon non négligeable la rigidité issue de cette difficulté conceptuelle.
Le premier élément est la dispersion du peuple juif, dispersion en premier lieu géographique mais aussi culturelle. Qu'y a-t-il de commun entre des Juifs intégrés à des nations et à des cultures différentes ? Dans un opuscule célèbre de 1913, Staline avait établi les cinq critères constitutifs de toute identité nationale, et, sur la base de cette analyse, il avait logiquement conclu que les Juifs ne sauraient prétendre à une telle identité. Sans reprendre le détail de la construction stalinienne, les autorités islamiques utilisent souvent une argumentation voisine qui n'accorde à l'existence juive que l'unité d'une religion. Qu'importe si cette argumentation est effectuée de bonne foi ou non ? Dans tous les cas elle contribue à la rigidité du conflit.
Un deuxième élément tient au fait que le processus historique en cours est loin d'être achevé. La majorité du peuple juif vit toujours en diaspora et il n'est pas besoin d'être prophète pour prévoir que, sauf circonstances inattendues, son rassemblement en Israël ne sera pas accompli avant plusieurs dizaines d'années. La nécessité d'une telle durée conduit tout naturellement à nier non seulement la légitimité mais la réalité même du processus. Ne doit-il pas être interprété comme une pure utopie à laquelle les dures lois de l'histoire finiront par mettre un terme ?
Les deux éléments que je viens de mentionner, dispersion du peuple juif et longueur inévitable de son rassemblement, peuvent se réunir en un même argument auquel il est malaisé de répondre. L'histoire ne fournit aucun exemple d'un peuple exilé de sa terre, dispersé pendant des siècles, se rassemblant à nouveau et retrouvant sa souveraineté nationale.
Dès lors quelle valeur peut-on accorder à une revendication qui n'a aucun précédent ? N'est-ce pas tout simplement une chimère ? Le refus islamique jouit donc d'une cohérence et d'un attrait spéculatif indéniable.
On ne sera cependant pas étonné d'apprendre que la tradition juive prend ici le contre-pied de la position islamique. Dans son ouvrage l'Eternité d'Israël, le Maharal de Prague, une autorité talmudique incontestée du 16ème siècle, établit le caractère inéluctable d'une fin de l'exil. Voici, succinctement résumé, le schéma de son argumentation. Le point de départ en est l'évidence de l'existence d'un peuple juif. Or, dit le Maharal, il n'est pas conforme à la nature des choses qu'un peuple soit dispersé, qu'il ne réside pas sur sa terre et même qu'il soit soumis à la souveraineté d'autres nations. Une situation aussi anormale ne saurait subsister toujours et, tôt ou tard, l'histoire du peuple juif retrouvera un cours normal. La dispersion, l'exil et la dépendance politique ne peuvent être que provisoires.
Partis d'une grande proximité théologique, nous voici donc en face de deux logiques antagonistes. Il faut donc nous demander si ce conflit irréductible doit nécessairement conduire à la violence et si, à plus long terme, on ne peut quand même espérer qu'il trouvera sa solution. A partir de maintenant, c'est surtout ma conviction personnelle que je vais présenter.
Il est concevable que le conflit entre l'islam et le peuple juif subsiste dans sa version théorique sans être accompagné de violence. Il ne manque pas de part et d'autre d'esprits pragmatiques qui, comme Jean de La Fontaine, savent que « patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.» La patience et le pragmatisme sont des principes acceptables aussi bien par le peuple juif que par l'islam et ils ont souvent été mis en pratique. Dès lors, on peut concevoir un arrangement provisoire, une sorte de hudna prolongée ou cote bien taillée, permettant à chacun de rester fidèle à sa conception tout en repoussant à une date ultérieure indéterminée son plein accomplissement, excluant par là même le recours à la violence. Mais peut-être n'est-ce qu'un rêve !
Et pour finir, une solution proprement dite du conflit est-elle pensable ? La réponse serait assurément négative si nous n'avions été les témoins en notre temps de la résolution d'un conflit similaire qui apparaissait, si l'on peut dire, encore plus irréductible, je veux parler du conflit millénaire entre le peuple juif et le christianisme ou, plus précisément, l'Eglise catholique. En moins de cinquante ans, il a trouvé sa solution, ce qui était au sens littéral impensable auparavant8. Il est très éclairant d'en décrire les étapes que je ramènerai à trois principales.
Dans un premier temps, sur l'initiative de Jean XXIII, avec le concile Vatican II, l'Eglise catholique a coupé avec son antisémitisme traditionnel. Il suffit de se reporter aux documents diffusés à l'époque par l'opposition au concile pour mesurer l'importance de cette révolution.
Puis, dans les décennies qui ont suivi, nous avons assisté à une révolution cette fois proprement théologique, l'abandon par l'Eglise de la doctrine de la substitution. Le peuple juif n'est plus une branche morte dont l'obstination à refuser le message chrétien explique ou même justifie les malheurs qui l'accablent. Le maintien à côté de l'Eglise d'un peuple juif fidèle à sa foi est désormais reconnu comme absolument légitime, sinon même nécessaire. On attribue souvent à Jean-Paul II le mérite de cette transformation. Il me semble que c'est autant au Cardinal Ratzinger, devenu Benoît XVI et trop vite qualifié de prélat conservateur, que nous la devons. J'ai nettement l'impression qu'il a en tout cas participé directement à la construction théorique de la nouvelle théologie. Enfin dernière étape, grâce avant tout à une décision de Jean Paul II, la reconnaissance par l'Eglise de l'Etat d'Israël. Qu'il puisse subsister telle ou telle divergence plus ou moins importante ne doit pas occulter l'essentiel : sauf retournement improbable, le conflit entre le peuple juif et l'Eglise catholique appartient désormais au passé.
Je n'aurai pas la naïveté de croire qu'il faut s'attendre dans un délai rapproché à une évolution similaire de l'islam. L'espérance d'une solution n'a pas encore de contenu concret mais du moins peut-elle être soutenue en tant qu'idée par l'existence d'un précédent. Je ne peux cependant occulter l'anxiété qui accompagne cette idée et n'ose même pas nommer ce qui a conduit au précédent qui l'a rendue pensable.
1 mai 2009 kl.15:43 i PolitiqueIngen kommentarer Permalenke Tips en venn
Le plus sioniste des Livres saints : le Coran
4 avr. 2009 kl.15:13 i PolitiqueIngen kommentarer
Vu la valeur scientifique de la synthèse faite sur le site www.geopolitiquebiblique, je trouve la nécessité de la republier sur mon blog.
Avec mes remerciements les plus sincères à l'auteur.
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Abdelkader Amlou, écrivain et poète marocain, nous livre une curieuse mais intéressante statistique: sur les 6258 versets coraniques 670 versets, soit plus de 10 %, nous racontent l'histoire des Fils d'Israël. Ces versets sont dispersés dans près de 26 sourates sur 114 soit 23 % du Coran.
La plupart de ces versets peuvent être qualifiés de sionistes dans la mesure où ils retracent l'histoire d'Israël selon un plan divin bien défini: l'entrée de Jacob et ses fils en Egypte, la naissance de la nation avec Moïse, la fondation du royaume et le règne de David et Salomon. Mieux encore, ces versets insistent sur la nécessité pour les Bnei Israël de prendre possession, sans faiblir, de la terre qui leur a été promise par dieu-Allah : Versets 20 et 21 de la sourate 5 : "Souvenez-vous lorsque Moïse dit à son peuple : O, mon peuple, rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous, lorsqu'il a désigné parmi vous des prophètes. Et Il a fait de vous des rois. Et Il vous a donné ce qu'il n'avait donné à nul autre aux mondes. O, mon peuple, entrez dans la terre sainte qu'Allah vous prescrite. Et ne revenez point sur vos pas [en refusant de combattre] car vous retourneriez perdants ".
Qui plus est, les versets qui se rapportent à la promesse d'accorder la terre aux fils de Jacob-Israël n'est pas circonscrite dans le temps ni limitée à des situations spécifiques. Le Coran abonde en rappels des conquêtes des terres saintes par les Fils d'Israël, l'établissement du royaume par David et la construction du Temple par salomon.
Monsieur Amlou en déduit que les musulmans devraient adopter une attitude plus conforme au texte littéral du Coran et réviser leur attitude haineuse vis à vis d'Israël. Halevaï (pourvu que), comme on dit chez nous, mais les choses ne sont pas aussi simples.
Le Coran fait un distinguo assez clair entre les Benou-Israel (Fils d'Israël) et les Yahoud, juifs, descendants du royaume de Yéhouda, qui, pour bon nombre d'entre eux, étaient venus s'installer ou vivaient depuis toujours dans la péninsule arabique . Pour faire simple, lorsqu'il s'agit de retracer une vérité historique incontestable, le Coran utilise le terme de Bné Israël et lorsque cela devient religieux, culturel, politique, bref conflictuel, c'est le mot Yahoud qui est employé. Les Bnéi israël historiques, descendants de Jacob-Yaâcob ont droit à tous les égards, les Yahoud, c'est une autre affaire, il faut les débusquer derrière chaque pierre et les combattre sans relâche.
Autre problème qui a surgi dès le VI siècle c'est la non reconnaissance par Mahomet et ses continuateurs du Talmud. Les Musulmans acceptent et reconnaissent la Torah écrite, mais rejettent le Talmud qui réglemente le cadre de la vie juive. C'est le Talmud en effet qui crée la distance entre l'environnement arabe tribal et les Yahoud qui se conforment aux enseignements du Talmud dans leur vie religieuse et profane. Pour les nouveaux musulmans, les choses sont claires: d'un côté la parole d'Allah retranscrite dans la Torah et de l'autre la parole des hommes, le Talmud, qui pour eux est un vaste champ de polémiques où aucun rabbin n'est d'accord avec l'autre.
Quant à Mohamet, n'est avis qu'il voulait être intégré dans la lignée des prophètes d'Israël, d'où son insistance à se faire reconnaître comme tel par des juifs de Médine et des environ; la meilleure preuve: l'instauration de Jérusalem comme direction cardinale de la prière. Devant leur refus, il prit deux décisions: la première, massacrer quelques tribus juives, la seconde, se mettre à son compte, en instaurant sa propre croyance, transformée en religion par la suite, et bien entendu, se tourner désormais vers la Mecque.
Les thèses développées par Monsieur Amlou ne lui ont certainement pas valu que des amis et j'admire son courage de les avoir développés. Il n'empêche que son analyse est juste et mériterait d'avantage d'écho, auprès des Juifs et des Autres, et surtout des Musulmans, qui feraient bien d'étudier d'avantage leur Coran en se livrant à une analyse critique des déviations inacceptables que certains de leurs coreligionnaires en font.
Il est clair que tant que les juifs n'avaient pas commencé à prendre possession de la Terre d'Israël, le sionisme coranique était là en tant que projet utopique, de curiosité. « C'est marqué dans le Coran, et puis après, ça ne s'est jamais réalisé ». Dès le moment où le projet a pris corps, les musulmans auraient pu et du s'interroger sur le contenu de leurs saintes écritures, qui par nature se veulent intemporelles, et accepter le droit des Yahoud à la terre promise aux Benou-Israel. Je suis d'ailleurs convaincu que certains d'entre eux l'on fait, mais qu'on les a fait taire, vite fait. Si on ne peut plus faire confiance dans la parole d'Allah, où va t-on ?
Source: http://www.geopolitiquebiblique.com/article-29412687.html