Diplomatie : Israël & le Moyen-Orient

Un haut responsable israélien a déclaré dimanche que "les américains sont impatients de signer un mauvais accord, car ils craignent la seule alternative possible à un accord, une attaque."

"L'accord est vraiment mauvais," a ajouté le responsable. "Il ne fait aucun doute que si ils signent maintenant, il n'y aura aucune possibilité d'empêcher l'Iran de développer son programme nucléaire."

Les "puissances" mondiales se réuniront avec les iraniens le 20 novembre, pour renouveler les pourparlers. "Nous nous sommes rendu compte qu'ils ont besoin de plus de temps," a déclaré un haut responsable américain. Nous comprenons le premier ministre Netanyahou, qui se préoccupe des intérêts sécuritaires d'Israël."

Suite aux progressions rapportées pour un accord avec l'Iran, le premier ministre Benyamin Netanyahou a souligné qu'Israël n'était pas le seul pays qui était contre cet accord imminent.

"Il y a beaucoup, beaucoup de dirigeants arabes de la région qui disent que c'est une très mauvaise affaire pour la région et pour le monde," a déclaré Netanyahou. "Vous savez, quand vous avez les arabes et les israéliens qui parlent d'une seule voix, et cela ne se produit pas souvent, je pense que cela vaut la peine de nous prêter attention."

Selon les rapports, les négociateurs ont en effet été confrontés à la résistance à la fois d'Israël et des états du Golfe vis-à-vis d'un pacte qui maintient le programme nucléaire iranien intact.

Il est peu probable que les critiques puissent faire dérailler les efforts internationaux visant à atténuer une des crises les plus profondes du Moyen Orient, qui a conduit à des menaces israéliennes d'intervention militaire, des avertissements iraniens de bloquer les routes d'approvisionnement de pétrole en réponse aux sanctions, et qui a ouvert une rare discorde diplomatique entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite.

Netanyahou a déclaré vendredi qu'il "rejette catégoriquement" tout accord entre les puissances occidentales et l'Iran, et a promis qu'Israël ferait le nécessaire pour se défendre, une référence claire aux avertissements antérieurs d'une action militaire pour dégrader les capacités nucléaires de l'Iran.

L'Arabie Saoudite et les autres états du Golfe considèrent l'Iran comme leur principal rival dans la région, et, dans un rare alignement des points de vue, sont clairement d'accord avec Israël que l'Iran devrait être dépouillé de sa capacité d'enrichir de l'uranium.

Pendant des années, le roi Abdallah d'Arabie Saoudite a à plusieurs reprises exhorté les Etats-Unis à "couper la tête du serpent" en attaquant les installations nucléaires iraniennes. Maintenant, les autorités saoudiennes sont consternées par les efforts de Washington de mettre fin à la brouille diplomatique vieille de 34 ans avec Téhéran.

Les états du Golfe sont les principaux acheteurs de matériel militaire américain de pointe, mais l'Arabie Saoudite a laissé entendre qu'elle pourrait un jour créer des liens stratégiques plus étroits avec le Pakistan nucléaire comme moyen de garantir de facto son propre armement nucléaire pour contrebalancer l'Iran. Washington, qui a souvent déclaré craindre une course nucléaire dans le Golfe, s'opposerait certainement à une telle alliance.

Mais les relations entre les saoudiens et Washington ont atteint un stade difficile. Les responsables saoudiens ont critiqué ouvertement le président américain Barack Obama pour son ouverture vis-à-vis du nouveau "président" iranien. Le mois dernier, l'Arabie Saoudite a rejeté un siège au conseil de sécurité de l'ONU pour renforcer sa protestation contre les nouveaux liens entre Washington et Téhéran et la décision d'Obama de se soumettre lâchement aux désirs de Moscou concernant les stocks d'armes chimiques de Damas. L'Arabie Saoudite et les autres états du Golfe sont les bailleurs de fond des rebelles syriens visant à renverser Assad.

L'opposition aux accords nucléaires est également vue à l'intérieur même de la dictature islamique. Le mois dernier, des affiches ont commencé à apparaître autour de Téhéran qui dépeignent les Etats-Unis comme des manipulateurs visant à affaiblir l'Iran de toutes les manières possibles. Aucun groupe n'a revendiqué la paternité des messages, mais c'est inutile dans un pays où il est clair quelles forces sont contre tout accord qui pourrait en quelque sorte combler le gouffre diplomatique avec Washington.

La ligne dure, menée par les gardiens de la révolution et son vaste réseau de soutien s'est fortement opposée aux frémissements de rapprochement initiés par le président (…) Hassan Rouhani. Lundi dernier, ils ont organisé la plus grande manifestation anti-américaine depuis des années pour marquer l'anniversaire de la prise de contrôle de l'ambassade américaine en 1979 suite à la révolution islamique.

Mais les critiques de Rouhani ne sont pas susceptibles de faire obstacle à un possible accord sur le nucléaire avec l'Occident vu que les négociations ont l'appui du "guide suprême" iranien, l'ayatollah Ali Khamenei. En outre, le public appuis largement les offres pour assouplir les sanctions, et même les plus jusqu'au-boutistes ne veulent pas être du mauvais côté sur cette question.

Les rebelles qui se battent pour renverser Assad restent également divisés sur l'opportunité d'un accord nucléaire.

Pour beaucoup, un assouplissement des pressions occidentales sur l'Iran donnera à Téhéran les coudées franches dans la région. Nizar al-Hrakey, un membre de la coalition nationale syrienne et représentant du groupe au Qatar, a comparé un éventuel accord avec l'Iran à l'accord (…) russo-américain pour essayer de débarrasser la Syrie de ses armes chimiques plutôt que de procéder à des frappes militaires.

Cependant, Kamal Labwani, une figure de l'opposition syrienne, a déclaré que les concessions iraniennes envers l'Occident signifient une "soumission totale", ajoutant qu'il espérait que cela conduirait à une mise à l'écart du rôle de l'Iran en Syrie.