Israël : Défense au Moyen-Orient

Lundi, le Hezbollah marquera le 10e anniversaire de la mort d'Imad Mughniyeh, son commandant militaire légendaire et impitoyable, dont l'absence, selon les renseignements israéliens, se fait encore sentir aujourd'hui.

Mughniyeh – le cerveau du bombardement des casernes des Marines américains à Beyrouth (1983) ainsi que les attaques contre l'ambassade israélienne (1992) et le centre communautaire juif (1994) à Buenos Aires – a été tué à Damas le 12 février 2008, juste après avoir terminé une réunion avec certains de ses patrons iraniens. Le Mossad aurait planté une bombe dans le pneu de secours à l'arrière de sa jeep Mitsubishi.

L'assassinat de Mughniyeh ainsi que d'innombrables autres opérations et assassinats ciblés attribués à Israël durent depuis des années dans le cadre de la "guerre fantôme" entre Israël et l'Iran et ses proxys qu'il finance et opère à travers le Moyen Orient.

Pour la plupart du temps, jusqu'à présent, cette guerre a été menée dans les coulisses. Qui a besoin de savoir sait, et alors que certains détails font parfois leur route vers le domaine public, la plupart ne le font pas.

Ce qui s'est passé samedi dans le nord d'Israël est le début de la guerre ouverte et directe entre Israël et l'Iran. L'infiltration et l'interception d'un drone iranien sur Israël, la chute d'un F-16 israélien et les frappes israéliennes de représailles contre les cibles syriennes et iraniennes qui ont suivi ne sont apparemment que les premières étapes d'un conflit potentiellement plus vaste qui pourrait éclater si l'Iran fortifie sa présence dans la nouvelle Syrie.

Il y a des années, les iraniens sont venus à la rescousse de Bashar Assad en Syrie, et, avec la Russie, ont assuré sa survie. Le problème est qu'ils ne sont pas partis. Au contraire, même si Assad contrôle aujourd'hui la majorité de la Syrie, l'Iran reste sur place et essaie d'établir une présence encore plus importante dans le pays. Samedi, nous avons vu a quel point il est déterminé à le faire.

Il est trop tôt pour dire quelle leçon l'Iran a appris de l'affrontement de samedi. D'une part, il a réussi à infiltrer un drone en Israël, même s'il a été intercepté une minute après avoir pénétré le territoire israélien. Son allié syrien a réussi à abattre un avion de chasse israélien. D'un autre côté, Israël a mené ses bombardements les plus massifs en Syrie depuis qu'il a détruit la quasi-totalité des défenses aériennes syriennes en 1982.

Les représailles d'Israël étaient importantes pour deux raisons : il fallait neutraliser les batteries syriennes qui ont été utilisées pour abattre le F-16, mais aussi faire payer un prix à l'Iran en bombardant le centre de contrôle utilisé pour diriger le drone ainsi que d'autres cibles iraniennes en Syrie, dont nous allons probablement apprendre la nature dans les prochains jours.

La question sera de savoir si Israël a réussi à renforcer sa dissuasion. Cela dépend de ce que l'Iran décide de faire ensuite. Va-t-il continuer à construire sa présence en Syrie ? Va-t-il tenter une autre violation de la souveraineté d'Israël pour escalader la situation ?

Alors que la chute d'un avion de chasse est un coup dur pour le moral israélien, elle n'était pas totalement inattendue et doit être considérée dans le contexte plus large de ce qui se passe depuis cinq ans. Israël a effectué plus de 100 frappes en Syrie, et à la guerre, il y a toujours des victoires et des pertes. Le fait qu'un avion n'ait pas été abattu jusqu'à maintenant est le vrai scoop et en dit long sur les capacités majeures de la force aérienne israélienne.

Enfin, Israël doit être préoccupé par la réponse de la Russie aux évènements de samedi. A Moscou, le ministère des affaires étrangères a publié une déclaration appelant à la retenue et à toutes les parties de "respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie."

En surface, il semble que la Russie prenne le parti de l'Iran et de la Syrie, malgré les efforts du premier ministre Benyamin Netanyahou pour convaincre Vladimir Poutine lors de ses innombrables rencontres avec le président russe.

Israël devra avancer prudemment et n'aura pas beaucoup d'autres choix que d'accepter les directives de Moscou. Alors que la Russie a permis à l'Iran d'établir une présence en Syrie, elle l'a jusqu'à présent empêché d'établir de grandes bases ou une présence le long de la frontière avec Israël sur les hauteurs du Golan.

Tout cela pourrait encore se produire, et dépendra des intérêts de la Russie en ce qui concerne l'avenir de la Syrie et de l'ensemble du Moyen Orient.